Lyonnitude(s) : Comment je suis devenu extrémiste grâce à Lyon Mag

Cher Lyon Mag,

Me voila bien ennuyé, je n’ai pas fait exprès je te jure mais je suis devenu un extrèmiste. Je t’écris de mon appartement de Jean Macé, quartier de plus en plus à la mode où le commerce est florissant,  le nombre d’abonnements aux Inrocks et la consommation de mojitos en nette hausse ces dernières années.

Normalement, après une dure semaine avec mes activités d’élu, de cadre d’entreprise et les cours que je donne parfois, je devrais être en train de me reposer aux côtés de mon épouse.

 Hélas,Lyon Mag,  à l’heure où je t’écris, elle se cache dans la salle de bain. Je lui fait peur. Tu sais pourquoi ? Elle a lu sur ton site que j’étais un extrémiste. Si. Un rouge, un méchant le couteau entre les dents. Un dur. Un vrai stalinien. A moins que je ne sois un danger à la sauce bakounine. Le décalque exact des skinheads et des fachos d’en face.  Tu aurais du le préciser, oh Lyon Mag, pour que je sache comment faire.

Bon, avant de t’écrire,  j’ai essayé d’argumenter pourtant avec elle. Je lui dit que, quand même, qu’il s’agit certes d’un site de qualité, éclectique mais qu’il laisse souvent une place un petit peu plus grande aux amis de Nicolas qu’à ceux de François (Hollande hein, pas Fillon ou Feldman ou Morel, qu’il a des préférences marquées ce site et certains de ceux qui le font.Mais non elle ne me croit pas, rien n’y fait. Il parait qu’il y avait le dangereux Jean-Louis Touraine à la manif. Et puis même des gens de la dangereuse Ligue des Droits de l’Homme. L’un d’entre eux a bu un thé après la manif, c’est dire !

« Dégage le rouge, va nationaliser ailleurs ! » qu’elle me crie derrière la porte, tout en compulsant le voyageur de Robbe-Grillet après avoir calé le meuble de la salle de bain, bancal, avec un torche-c…pardon un ouvrage d’Alain Gresh.  Ma femme a du goût, c’est pour cela qu’elle m’a épousé.

J’avais pourtant fait gaffe à ne pas être extrèmiste. Social-démocrate bon teint du PS, j’aime bien Michel Rocard et Gérard Collomb et j’ai longtemps rêvé de DSK en président de la République. Niveau primaires, après avoir hésité j’ai voté pour le dangereux bolchevique Manuel Valls. C’est dire si je suis en fait à mettre sur le même plan que les skinheads qui manifestaient à Saint-Jean. Ah et je fais partie d’une  organisation étrangére aussi:En plus du parti socialiste,  je suis membre du parti travailliste britannique. Si, si. Le parti de Tony Blair et de Gordon Brown. Niveau élu, je monte la plupart de mes projets avec l’associations des commerçants du 7e, dans une discussion très deuxième gauche.

Et puis patatra, après avoir traité des dossiers ce matin en Mairie, fait un peu de sport à mon club de gym, vérifié ma boite mail pro pour éviter les mauvaises urgences du lundi matin, mangé des sushis à midi arrosé d’un smoothie aux myrtilles, j’étais encore sur le bon chemin du militant de centre gauche raisonnable.

Après un café à la Faute aux Ours, c’est ici que tout a basculé.

Je suis allé, comme je l’avais prévu quelques heures avant, après avoir hésité, à la contre-manif contre le rassemblement de l’extrême-droite place du Pont (ou Gabriel Pèri de son nom officiel, ce qui est un signe qui est aurait du m’alerter de ma dérive, puisque c’est le nom d’un résistant COMMUNISTE). Oh j’aurais du être prévenu que je risquais d’être extrémiste, les TCL avaient placardé partout sur les stations qu’il y avait que la manif pour les Droits de l’Homme, face à l’extrême-droite était une manif d’EXTREME-GAUCHE. Bon mais toute personne ayant un jour prêté le moindre crédit à un horaire des TCL sait bien que leurs prédictions ont la même valeur que celles de Paco Rabanne ou de Kadhafi.

Ajustant mon pull de la marine nationale made in France puisque fabriqué à Saint-Malo (Simon serait fier de moi) je suis allé rejoindre mes amis socialistes et/ou militants antiracistes. On a manifesté. Après je suis parti acheter, avenue Jean Jaurès (le nom fait frissonner !) un superbe coussin avec un petit chien à ma chérie.

Et quand je suis entré, j’ai entendu un bruit de course puis un verrou se fermer. Mon amour s’était enfermé dans la salle de bain,  terrifié. Sur la table près du canapé Ikéa noir qu’il faut que je change un jour, il y avait un PC allumé. Et ce titre dans l’image en haut  Et que j’étais devenu un extrémiste sans faire gaffe. « Ni rouge ni morte  » m’a crié mon amour.

Dis Lyon Mag, tu peux lui dire que tu as raconté des conneries? J’aimerais pouvoir rentrer dans la salle de bains me brosser les dents moi avant de lui faire des bisous. J’ai mangé des sushis à midi. Et le couteau entre les dents ça use les gencives. Enfin il faudra que je ne me regarde pas trop dans le miroir. Les extrémistes,  c’est des gens inquiétants quand même.