Lyonnitude(s) : avril 2010

La crise financière grecque et l’absence ou la lenteur de solidarité coordonnée des nations d’Europe incite certains, souvent les plus critiques vis à vis de la construction politique de notre continent, souvent artisans du « non français » au traité constitutionnel de 2005 (ah souvenirs de combats communs avec lui,lui,lui ou lui) à vouloir jeter le bébé européen avec l’eau du bain des égoïsmes nationaux. On dit que l’Europe est inutile, bonne à jeter, qu’il faut revenir en arrière sur cette idée née d’une envie de paix et d’unité. L’europhobie ne laisse jamais passer une occasion…

Pourtant c’est bien du contraire qu’il est question: Il y a bien un manque criant d’Europe. Si les chrétiens-démocrates allemands sont si réticents, si Bruxelles met du temps à se coordonner, si il faut un très humiliant non seulement pour les grecs mais surtout pour l’ensemble des citoyens de l’Union, recours au FMI c’est que nous sommes encore et toujours à l’infantile et futile stade de l’inter-étatique.

Un système fédéral, avec un véritable gouvernement au-dessus des petits égoïsmes, aurait résolu la crise bien vite. Mais nous en sommes loin.

Et avec puis une majorité libérale et conservatrice, avec un médiocre Barroso pourtant réélu par la plupart des groupes politique, l’Europe actuelle n’apparait pas comme un organisme volontariste et réellement politique ou s’occupant vraiment de l’essentiel.

Mais ce résultat est le fruit de la conjonction de plusieurs tendances de fond tout à fait contrables pour avancer: une droite qui ne voit l’union que comme un grand marché, une extrême-gauche et une gauche radicale devenues en diapason avec les extrêmes-droites, les grand pourfendeurs de toute avancée politique en Europe, vécue comme une perte de souveraineté, une sociale-démocratie trop dans la gestion et pas assez dans la politique, des centristes faisant du surplace à force de recherche du consensus et des libéraux dogmatiques. Nous avons ici certes la quasi-totalité du spectre politique à l’exception des verts, plus à l’aise que d’autres dans l’hémicycle mais incapables à eux seuls d’impulser une alternative.

Alors il s’agit de prendre son bâton de pèlerin, que les conservateurs, enfin débarrassés de leur aile la plus souverainiste, cessent le tout financier et l’interétatique, que les sociaux-démocrates fassent plus de politique et moins de gestion à la petite semaine (et que la délégation socialiste  française en son sein arrête son complexe de supériorité infondé) , que le groupe des libéraux et centristes admettent que tout n’est pas marché et qu’il faut avancer quitte à parfois briser des consensus. On pourrait même rêver que la gauche radicale redevienne internationaliste…bref du nerf s’il vous plait!