Lyonnitude(s) : septembre 2008

On s’en doute, d’ailleurs, j’en ai déjà parlé ici et la, je ne suis pas un fan du Pape Benoit XVI et des papes en général. Il ne s’agit pas, on s’en doute là aussi, d’athéisme ni même de d’anticléricalisme primaire, Dieu m’en garde si je puis dire.D’autant que si on peut comprendre les réserves émises par l’Union des Familles Laiques sur le coût pour le contribuable de la visite du leader vaticanais ou les petites provocs de Charlie Hebdo ou encore une Fourest dont Eric Mainville évoque aujourd’hui le dernier ouvrage, on ne peut qu’être agacés par des JCR ou des Panthéres Roses à l’offensive quand il s’agit de soutane et manifestant d’un autre côté avec certains islamistes pour le port du voile à l’école…

Il ne s’agit pas pour moi de condamner en bloc Benoit XVI.Je suis heureux de voir le bonheur qu’apporte sa venue auprès de nombreux catholiques (Koz doit d’ailleurs surement être, si je puis m’exprimer ainsi, aux anges). Benoit XVI est après tout le leader d’une multitude sur les cinq continents, une communauté mondiale unie dans la foi.

Mais il est également dans la logique d’un certain christianisme, trés institutionnel et conservateur dans le premier sens du terme, celui où il cherche à préserver d’abord la tradition et la structure, qui n’est pas la mienne. Il est à la tête d’une institution qui perpétue une tradition vieille de deux millénaires, dans un monde incertain. Mais, ça ne surpendra personne, ses positions sur les homosexuels, sur le mystère féminin, sur la contraception, sur les protestants etc… sont à l’opposé absolu des miennes en matiére politique comme dans ma vision du christianisme.Mais par-delà les reproches milles fois dits et redits, le problème que je voulais surtout aborder et qui est à mon sens à la racine de tout, c’est l’existence même du rôle de Pape et les pouvoirs qu’il s’est arrogé qui devrait poser question, non seulement aux athées mais aussi aux chrétiens.

Le leader des catholiques est le chef d’une Eglise qui se considère dans sa doctrine comme la seule et l’unique vraie garante de la foi.Les protestants comme Authueil ou moi, par exemple sont considéré comme fréquentant des églises « déficientes ». La papauté a débuté dans un passage de la bible où Jésus dit à Pïerre, l’un de ses disciples: «  « Et moi, je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Église, et que les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle… Matthieu 16.18».

Dans ce jeu de mot, Jésus indique à Pierre qu’il sera chargé de gérer la communauté des croyants après son départ. Il ne fait nullement mention d’y faire prédominer l’institution sur le groupe de ses disciples ni de monter des hiérarchies, encore moins de créer une dynastie de prélats nommés par leurs pairs. D’ailleurs le Christ lui-même, si il était accompagné de disciples avec des rôles bien définis pour la survie du groupe en collectivité (Judas par exemple gérait la bourse de la communauté) était quelqu’un de nomade, qui ne bâtissait ni n’insistait sur la structure. Au contraire, c’est à un témoignage et à une conversion individuelle qu’il appelait, chose qui nous est familière, à nous protestants.Au fur et à mesure de la structuration, l’institution s’est faite plus forte, pour des raisons évidentes d’unité des chrétiens à une époque où les communications étaient plus difficiles qu’aujourd’hui…

C’est d’ailleurs également ce souci qui amènera Irénée de Lyon à tenter d’unifier les textes lus par les fidèles. Au fur et à mesure de l’histoire, les choses iront en se dégradant, l’institution devenant sacralisée par elle-même et le Pape se déclarant infaillible parce que guidé par Dieu. C’est d’ailleurs à cette dérive autoritaire, face à une église catholique qui demandait et demande toujours à ses fidèles de « croire en l’Eglise » autant qu’à la résurrection du Christ que se lèveront les protestants pour dire « A Dieu seul la Gloire ».C’est aussi le fait de se donner en quelque sorte une nature divine à lui qui est homme qui me dérange chez le Pape. Ainsi se rajouteront nombre de commandements, absolument jamais donnés par le Christ et/ou la Bible en général, sortant de la foi pour aller dans une sorte d’idolâtrie institutionnelle jusqu’à un véritable culte du pape, dénaturant la fonction première…C’est d’ailleurs pour cela, avec un peu de malice pas méchante, pour moquer la sorte de culte formé autour du Pape que les protestants nomment les catholiques « les papistes » !

edit de 19h30:Sur le même théme, lire la tribune d’Iréne Droit, prédicatrice protestante « Nous ne sommes pas tous papistes » parue dans Le Monde de ce soir en cliquant ici.