Le gouvernement, Louis Gallois, et moi, et moi, et moi ! (Lyonnitude(s) )

Cette semaine, je n’ai pas eu le temps, contrairement à d’autres confrères blogueurs, de revenir sur le rapport Gallois et le pacte national pour la compétitivité et l’emploi qui en a découlé suite aux décisions du gouvernement.

On va d’abord noter une chose: l’incroyable comportement de l’opposition UMP-UDI et du MEDEF (ce qui est un peu la même chose, l’extrémisme politique et la fermeture idéologique de sa dirigeante contrastant de plus en plus avec une CGPME plus pragmatique et proche du terrain économique) pendant toute la séquence.

Qu’ont dit Jean-François Copé, NKM, François Fillon, Bruno Lemaire et Laurence Parisot ainsi que  et ceci sans aucun élément concret? Que le gouvernement allait enterrer le rapport…ceux des éditorialistes qui les soutiennent, et en première ligne BFM et le Point, rivalisant d’éditos édifiants sur le sujet, parlant d’une note qui allait caler les armoires, les députés de l’UDI et de l’UMP rivalisant de questions laudatives pour le rapport à venir et d’accusations de refus de prendre en compte le travail qui allait être rendu.

Il était amusant au passage de voir tout ce petit monde encenser un rapport qui condamnait fortement la maniére dont l’industrie française avait fonctionné ces dix dernières années. Dans les politiques menées mais aussi dans les produits créés, pas toujours à la hauteur, dans les stratégies d’exportation, pas toujours bien pensées etc…

Mais qui était au pouvoir ces dix dernières années si ce n’est l’UMP? Qui regroupe les principales industries françaises si ce n’est le MEDEF? Quel aveu…

Lorsque le gouvernement a, en début de semaine, présenté solennellement le rapport en compagnie du rapporteur du projet, lorsqu’il s’est mis immédiatement à travailler sur les propositions, Parisot n’a pu que se déjuger et l’opposition parler d’autre chose à défaut d’admettre sa faute. Il fallait aussi que la droite fasse oublier une autre bonne nouvelle pour le pays: le déficit de l’Etat est en baisse…

La vidéo ci-dessous est d’ailleurs un bon exemple de cette séquence de ridicule de l’opposition et de ses proches médiatiques dans cette séquence du rapport Gallois,  compilée par Raphaez.

Sinon sur le fond, le pacte de compétitivité  je l’approuve globalement

Certes il faudra faire un bilan des allégements de cotisations patronales, qui baissent depuis vingt ans et évaluer leur impact. Mais il est aussi indéniable que notre économie a besoin d’un vrai coup de fouet pour repartir. Après dix ans de droite, notre économie, qui était bénéficiaire en matiére d’exportation, importe désormais plus qu’elle ne vend à l’étranger.

La mesure du crédit d’impôt de vingt milliards sur l’année 2013 est intéressante surtout qu’elle ne se cantonne pas aux salaires autour du SMIC comme habituellement.

Cibler, comme l’a souvent fait la droite, les aides uniquement aux alentours du minimum légal ayant généralement pour effet d’enfermer les salariés à ce niveau de revenu.FO et la CFDT ont apporté un soutien à cette mesure.

Elle peut être un coup de boost important en une année 2013 qui s’annonce très dure pour la France. Petite cerise sur le gâteau: elle ennuie beaucoup les thuriféraires d’une droite sectaire qui veut faire passer la gauche pour l’ennemie des entreprises.

La question de la TVA, qui avait été évoquée par Manuel Valls pendant les primaires, candidat qui avait eu mon suffrage, et que certains à gauche simplifient par trop est intéressante:

-Trois taux principaux, ce qui est plus proche de la réalité des consommations que le système actuel

-Une baisse sur le plus bas qui correspond aux consommations des produits de première nécessité

-Une hausse sur le plus haut, qui correspond à des consommations plus secondes et souvent plus importées (j’ai dit souvent, pas toujours ami lecteur)

-Une modification dans un certain temps afin de donner de l’air aux français

Bref quelque chose de plus ambitieux, de plus réformateur et de plus indolore que la forte hausse prévue par Sarkozy et annulée à juste titre par la gauche.

Le plan présenté par Ayrault prévoit également de soutenir les PME sur 500 millions d’euros.

Et également une réforme bancaire pour encadrer la spéculation irresponsable des banques, ces dangereux infantiles, une simplification administrative de la création d’entreprise...et une part de la commande publique réservée aux PME innovantes.

Rien de choquant donc, à part pour une gauche radicale sans réelle alternative et à une droite qui est enpétrée dans ses caricatures. D’autant que certaines des postures les plus idéologiques du rapport, comme le gaz de schiste, n’ont pas été retenues.

Et que avec ce pacte, qu’une vieille, très vieille proposition de la gauche va être mise en place: celle de la participation des travailleurs aux conseils de surveillance et d’administration des grandes sociétés.

Il faudra juste que chacun comprenne qu’il doive mettre la main à la pâte, que les revendications catégorielles que l’on a vu lors du budget soient plus ouvertes vers l’intérêt général, que l’opposition arrête les postures stériles, que Parisot défende l’entreprise plutôt que son idéologie et qu’à la gauche de la gauche, des alternatives réelles soient posées (le rapport Copernic ne manque pas d’intérêt même si je n’en partage pas tout mais il est un peu seul).

Mais le travail n’est pas fini, comme le dit Thomas Piketty, des chantiers sont à faire: par exemple prélever l’impôt à la source, lisser les nombreuses niches fiscales. A faire dans les années qui viennent, ce sera un élément de réforme du pays.Un autre.