Troisième des quatre éditos que je rédige ce mois-ci pour le site Mediavox. N’oubliez pas également que vous pouvez contribuer financièrement à la réalisation, que je parraine, d’un reportage sur la dyspraxie.
52,54 euros net
C’est ce que gagne par jour un Smicard dans ce pays. Et Attention je vous parle d’un salarié à temps complet dans un contrat classique et respecté, le non-amputé horaire, celui auquel on ne file pas un peu de rab de taf gratuit et pas rémunéré. Celui-là (ou plutôt celle-la puisque les femmes sont surreprésentées chez les smicards) qui boucle ses fins de mois difficiles, dont le salaire n’est pas toujours facile à trouver dans les chiffres d’affaires des TPE pour son employeur. Mais qui est aussi allégrement mal rémunéré par des sociétés qui auraient parfois de quoi le payer un peu plus au vu de ses mérites. Celui que parfois, on ose traiter pour certains à droite, à l’UDI comme dans les UMPs, de privilégié parce qu’il a un emploi, un salaire voire qu’il est, parfois, horreur, fonctionnaire.Que ses détracteurs puissent se recruter parfois chez certains médecin libéraux, méritants certes, mais un peu déplacés dans leurs demandes, de bénéficier de davantage de financement sécu. Ces mêmes personne, à qui le Smicard (on le nomme ainsi), souvent démuni pour se payer une mutuelle et confronté à une sécurité de moins en moins sociale, devrait consacrer pas moins d’un mois et demi de salaire pour se faire poser une paire d’implants dentaires. Oh oui, bien sûr, il est des stagiaires, des créateurs d’entreprises aussi, des précaires encore qui ne gagnent pas tant. Mais pauvre Smicard, qui doit s’excuser auprès des faibles d’esprit, à la fois de ne pas être en pleine misère et à la fois d’être un salarié au plus bas des critères de normalité : il lui faut une dizaine de jour de travail, sans rien consacrer à sa nourriture, son logement, son conjoint et ses enfants pour acquérir ces graals exposés à tous comme la normalité consuméristes que sont les Ipad, les Jambox, les Galaxy et les Iphones. Bien sûr, il n’est pas fou, le Smicard il ne s’en achète pas. Ou quasiment jamais. Quand il le fait c’est souvent au prix de crédits usuriers, de cartes de magasins tentantes qui ouvrent la voie à un peu d’argent, un peu de dépenses qu »il paiera bien plus chers que ceux qui ont les moyens du comptant pour acquérir la télé qui dispense d’aller au ciné ou le téléphone à cartes rechargeables.
On le soupçonne d’ailleurs tant le Smicard, niveau hifi, gadgets et dépenses inconsidérées ! Le Smicard, pour la droite, est un pauvre doublé d’un enfant ! A peine le gouvernement revalorise-t-il les allocations de rentrée pour permettre à ses enfants, au Smicard, d’aller à l’école, que nombreux, trop nombreux sont dans le FN, l’UDI, les UMPs ceux qui le soupçonnent de préférer les plasmas aux moufles, goûters aux chocolats et cahiers de ses petits.
Il est vrai que son champion à la droite, lui, il n’a jamais revalorisé le SMIC. Il s’en fout, au Qatar comme à New-York, une de ces conférences d’une heure, c’est plus de 21 000 fois le salaire horaire du Smicard. Il est vrai qu’un chef d’Etat à la retraite, on en a que trois. Alors qu’ils sont un million de fois plus nombreux à bosser pour 52,54 euros nets chaque jour…
Romain Blachier