france Archives Romain Blachier

Ce matin ce phénomène issu du système médiatique qu’est Marine Le Pen était invitée sur I-Télé/Europe 1 pour évoquer quelques lignes de son programme. Les journalistes, comme c’est souvent le cas dans ce rendez-vous dominical, oscillaient entre agressivité souvent inutile et service des plats des plus flagorneurs.

Mais ce qui m’a le plus marqué c’est que Marine Le Pen a encore proféré le même mensonge qu’elle ressert sans qu’un journaliste un tant soit peu documenté relève l’erreur: le porc serait interdit dans les cantines scolaires en France. Une simple recherche sur les menus proposés dans les différentes communes aurait permis à ses désormais nombreux élus de voir que tel n’est pas le cas et que les restaurants scolaires de notre pays proposent bien cet animal à la carte. Tenez jeudi, chez ma copine Hélène, dans les cantines de Vaulx-en-Velin on pouvait manger un succulent saucisson lyonnais. A Lyon, dans les restaurants scolaires,  c’était sauté de porc. Les écoliers de Fréjus auraient été bien surpris, en mangeant leur cochon façon colombo, de voir David Rachline, candidat frontiste et désormais Maire, affirmer qu’il allait remettre cette même viande au menu de la restauration scolaire…Curieux non? Et je vais pas vous faire toutes les communes de France. A moins que la leader du FN ne mente consciemment pour faire son beurre sur une peur imaginaire?

S’en est ensuivi, suite à un de mes tweets sur le sujet, une conversation intéressante avec quelques copains de réseaux sociaux sur la laïcité dans les cantines.

La question est: comment faire pour faire respecter la laïcité dans l’école de la République tout en permettant à chacun de pouvoir bénéficier du service public pour ses enfants.

Vaste question. Et légitime. Sachant que, outre la question du porc pour les écoliers musulmans, certaines communes en sont encore à respecter une tradition du poisson obligatoire le vendredi, tradition abandonnée théologiquement depuis longtemps pourtant par les catholiques.

A Lyon nous avons trouvé la solution, qui a en plus le mérite de sensibiliser les enfants à la consommation raisonnée et à l’empreinte écologique de la surconsommation de matières animales: on propose, pour ceux qui le souhaitent, des repas sans viande et équilibrés. Histoire d’ouvrir la cantine à tout le monde. Et à ni favoriser ni discriminer personne, à ne faire aucun communautarisme.

Bizarrement l’extrême-droite, qui s’affirme pourtant officiellement lutter contre ce même communautarisme est contre cette mesure que nous avons mise en place…

photo sous licence creative commons: kendiala

Les lecteurs les plus anciens de ce blog le savent: j’ai de fortes réserves sur la nécessité de célébrer les cérémonies de victoires de la 1ere guerre mondiale, même si le sens de ce temps de mémoire a évolué dans un sens heureux depuis quelques années, revenant à son intention de départ: le souvenir des destins brisés, souvenir légitime, et moins la fête d’une victoire de guerre civile européenne.

Toujours est-il que la cérémonie du 11 novembre est au niveau des institutions républicaines un moment d’unité. Ce ne fut pas le cas cette année.

D’abord le député UMP Reynès s’est fait poignarder avec deux autres élus des Bouches du Rhône, Louis Bouchet et Françoise Cestier en pleines cérémonies à Châteaurenard. Mes pensées à ces trois victimes, en attendant que leur agresseur, interpellé, explique son geste immonde.

Et puis il y a les sifflets contre le Président, organisés par les différents mouvements réacs, de la manif pour tous, du printemps français, d’autres mouvances issues de la droite et de l’extrême-droite militante.

Certains avaient revêtu le bonnet rouge des casseurs bretons, tout en étant probablement aussi étrangers à la région de Dan Ar Braz que Nadine Morano au bon goût.Je me suis opposé à la politique d’endettement que nous payons aujourd’hui, d’injustices, de jacobinisme et de division du pays par Sarkozy. Pourtant j’ai approuvé certains de ses discours du 11 novembre, qui allaient dans le sens d’une mémoire d’Europe, comme le fait aujourd’hui également François Hollande. Jamais il ne me serait venu à l’idée de le siffler pendant qu’il représentait un bout d’histoire nationale.

Des sifflets organisés pendant les cérémonies du souvenir des morts de la première guerre mondiale. Des sifflets pendant la minute de silence aux morts. Des sifflets pendant la Marseillaise, là où les mêmes s’indignent et se révoltent sans doute quand des petits cons sifflent la marseillaise au football. Tiens serait-il possible de voir Finkielkrault ou Zemmour parler de menaces sur la République par ces sifflets du onze novembre là? Tiens Elisabeth Lévy va-t-elle lancer quelque pétition au sujet de cette mémoire bafouée?

On n’avait pas entendu ces gens là lorsque des militants de la droite lyonnaise avaient sifflé la mémoire du résistant Jean Moulin il y a quelques mois… On a le droit de les traiter de racailles ou pas ceux-là?

Ou alors la patrie pour certains ne serait-elle qu’un moyen de stigmatisation et d’instrumentalisation quelconque plutôt qu’une appartenance ? Tout comme nombre de ceux qui avaient  le drapeau français en main pendant les meetings de Sarkozy passent leur temps ces jours à stigmatiser les entreprises et les travailleurs de notre pays et vont, pour certains d’entre eux, se solidariser avec les manifestants ? Rien ne la convaincra cette France, aucun recul, aucune concession.

La République est solidement défendue par nos compatriotes. Mais sa mémoire a été souillée ce jour comme elle l’a été il y a quelques mois à Lyon. A Châteaurenard. A Paris.

Des éléments intéressants pour l’artisanat et du flou sur le commerce, voila mon ressenti en lisant le projet de loi relatif à l’artisanat, au commerce et aux TPE présenté par Sylvia Pinel, Ministre de l’artisanat, du commerce et du tourisme en conseil des ministres.

On y trouve du bon, du flou, du moins bon, du problématique. Mon analyse:

Les bons points

La protection des commerçants concernant les hausses brutales des loyers commerciaux et les rapports avec leurs propriétaires. Un état des lieux sera désormais obligatoire à l’entrée et à la sortie du lieu et des procédures de médiation seront mises en place. Un droit de préférence au commerçant occupant, comme cela existe chez les particuliers, sera octroyé si le propriétaire souhaite vendre son bien et son locataire acheter.
>Pour ce qui concerne les hausses de loyer commercial, le gouvernement a décidé de limiter à 10% par an les augmentations possibles et offre ainsi la possibilité aux commerçants d’anticiper les hausses de leur loyer afin le cas échéant de se retourner.

De plus l’indice devrait évoluer: En effet les bailleurs utilisent majoritairement l’Indice du coût de la Construction (ICC), qui correspond à la santé de la construction immobilière, inclu l’évolution du prix des matériaux et défavorise donc le locataire.Celui-ci sera remplacé l’ILC (Indice des loyers commerciaux), tout en permettant d’autres références comme l’ILAT (Indice des loyers des activités tertiaires), rendant en cela plus fidèle à la réalité l’évolution réelle du prix du loyer..

Le contrôle de qualification professionnelle des artisans sera renforcé, à la fois par la DGCCRF et les chambres de métiers et de commerce. A l’inverse de ce qu’avait fait le précédent gouvernement où avec la loi Warsemann, n’importe qui aurait pu sans aucune qualification, se prévaloir du titre d’artisan.Ce qui pouvait amener une forte confusion dans l’esprit du consommateur (ce plâtrier est-il vraiment formé pour ce travail ou non ?) et à ne pas reconnaitre les compétences et le métier acquis. L’idée est donc bonne. Reste à voir d’une part si les moyens de contrôle seront adaptés et si le panel de professions seront ciblées sur les métiers à savoir-faire sans abus. Une bonne mesure en tous cas.

Le régime de l’entrepreneur individuel à responsabilité limitée (EIRL) rend plus simple les démarches pour bénéficier de la protection du patrimoine personnel de l’entrepreneur, qu’il soit primo-créateur ou déjà en activité. Par exemples les obligations de publication seront allégées à la seule publication de leur bilan. C’est un premier pas positif même si les créations collectives vont devoir aussi à mon sens devoir être simplifiées également.Ainsi que les très diverses formes d’entreprises.

Enfin le rééquilibrage de la composition des CDAC garanti une meilleure prise en compte de l’intérêt général dans la prise en compte de l’équilibre entre petit commerce et grandes surfaces.

Les points flous ou négatifs

-Hélas, toujours un flou réel concernant la situation des auto-entrepreneurs, dans une réforme peu pensée et qui à la fin ne satisfera personne, dont j’avais parlé ici.

Le FISAC, élément vital dans l’économie de proximité, est affirmé comme un outil important. Cela met fin à plusieurs années de ce gouvernement comme dfu précédent à ce sujet. Mais les modalités et financements restent dans le vague…alors qu’au niveau local le bilan de ces dispositifs sont considérés comme très positifs par les élus et commerçants.

-Les Drive, qui devaient être régulés et échappent actuellement à nombre d’obligations en matière de demande d’autorisation auprès des CDAC et en matière de fiscalité sont sortis du projets de loi. Sans doute suite aux demandes du groupe Auchan et de Casino. Reste un traitement injuste vis à vis des autres acteurs du commerce…

Le rapport de la Cour des comptes sur la filière des énergies renouvelables est salutaire: il pointe les réussites et les dysfonctionnements qu’il y a dans ce secteur, qui pèse d’après le rapport annuel de RTE, un peu plus de 21% de la production énergétique nationale.

Principal dysfonctionnement relevé: le coût très élevé de l’aide au photovoltaïque pour un développement finalement peu concluant, issu des mesures prises par Jean-Louis Borloo et amendées ensuite mais qui restent coûteuses pour la collectivité.De même la mauvaise fixation du tarif d’achat dans le solaire photovoltaïque, a conduit à une bulle en 2009 et 2010,«  coûteuse pour le consommateur et dommageable pour la balance commerciale », et dont ultérieurement « le traitement tardif et vigoureux a désorganisé la filière et détruit des emplois ».

Il est à noter que le photovoltaique, qui est l’une des énergies renouvelables possédant le plus haut potentiel de progression, ne pèse pour l’instant que moins de 0,5% de la production nationale. Qu’il soit recommandé un soutien plus raisonné à la filière et une réorientation vers des sources de production vertes moins coûteuses est justifiée. Il est d’ailleurs à noter que l’éolien et l’hydroélectrique (NLDR: secteur où je travaille comme vous le savez) sont jugés favorablement dans le rapport.Le photovoltaique n’est d’ailleurs pas la seule source d’énergie verte, elle est même ultra-minoritaire.

Là où par contre cela devient problématique, c’est quand le rapport est mal lu et repris de travers par une partie de la presse. Pour Les Echos, c’est TOUTES les énergies vertes qui sont condamnées par ce rapport, visiblement lu à la va vite. Pour le Figaro il faut arrêter le vert. Mélangeant donc 0,5% de la production avec l’ensemble des énergies renouvelable…bravo la rigueur.

C’est oublier que le secteur est source à la fois d’exportations, d’emplois et surtout de richesses pour le pays, ainsi que de rentrées fiscales. Pour donner une idée de la densité du secteur le Syndicat des Energies renouvelables, qui regroupe les entreprises principales du secteur pèse 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 80 000 emplois et exporte sa production et ses avoirs-faire à l’étranger.

La grande majorité de la production d’énergie verte française (plus de 85%) est d’ailleurs nullement subventionnée puisque rentable. A signaler que contrairement aux énergies fissiles que sont le nucléaire, ou fossiles comme par exemple le pétrole, les énergies renouvelables ne nécessitent aucun import.

Avec une fourchette de coût de production d’environ 15 à 25 euros du megawatt/heure produit, il est loin derrière un nucléaire de plus en plus coûteux, situé dans une fourchette entre 35 et 130 euros du mégawattheure. A noter que la biomasse aussi commence à devenir très compétitive avec l’atome…

Qu’il faille corriger les erreurs de Borloo, qu’il faille réorienter certaines aides c’est clair. Mais qu’on se dise que l’énergie renouvelable est la grande majorité du temps non subventionnée et rentable.

N’oublions pas d’ailleurs que au niveau de l’énergie, le nucléaire est, de loin, la plus largement subventionné directement ou non,par l’Etat et dont le coût induit est très élevé les charges d’exploitation du parc nucléaire français ont couté 8,9 milliards d’euros à EDF en 2010. Il y a d’ailleurs, alors que l’aide à certaines énergies renouvelables est remise en cause, tout un mouvement actuellement de demande d’aide aux centrales nucléaires à l’Europe par plusieurs états membres…

Certes je ne suis pas un assidu chaque année des cérémonies militaires mais il a de la gueule ce 14 Juillet, du chien, de la classe.

Il y a aussi des couleurs internationales à ce 14 juillet. Il y a un grand nombre de délégations étrangères. Deux sont à l’honneur.

Pour commencer il y a au défilé des patrouilles des soldats maliens conduits par le bien nommé Dao Elisée, pays à la démocratie sauvée par l’intervention de notre armée, sous direction du Président de la République et de l’Amiral Edouard Guillaud.

A l’honneur également, un détachement de Croatie, sous le commandement du Major Branimir Gacina-Bilin, issu d’un pays en guerre il n’y a pas si longtemps et qui a rejoint l’Union Européenne il y a très peu.

Et bien sûr la patrouille franco-allemande, mais est-elle réellement encore et toujours une brigade internationale plutôt qu’une composante pleinement intégrée à nos armées? La réponse est dans la question.

Et puis, couleurs internationales encore, plus d’une vingtaine de pays ont souhaité retransmettre l’événement.

Certes ce n’est pas la première fois que le monde est invité au 14 juillet: c’est le cas chaque année ou presque.

Mais qu’il nous soit permis de préférer les soldats de la démocratie rétablie du Mali et des nouveaux entrants dans l’Union Européenne à une tribune du 14 Juillet d’il y a quelques années où Nicolas Sarkozy avait cru bon d’avoir en invité d’honneur Bachar El-Assad, dictateur sanguinaire de Syrie !

Et surtout c’est une histoire française d’abord que ce défilé, celui du 14 juillet.

Pour le pas terrible: celui d’une phrase, comme le souligne mon ami Laurent Bouvet, qui aurait pu être prononcée il y a trente ans « Michel Drucker est dans l’avion de la patrouille de France ». Quel ennui et conservatisme en effet que le paysage audiovisuel français… Ou les postures infantiles style rebelle de 12 ans sur twitter de l’EELV Xavier Cantat, invité au défilé en tant que compagnon de Cécile Duflot,

Pour le paradoxe apparent: voici que nous faisons un défilé militaire pour commémorer aussi la prise de la Bastille par des civils face à des soldats. Mais puisque l’armée était celle du roi et les troupes fêtées aujourd’hui celles de la République issue de la révolution, la filiation est donc, bien du côté des sans culottes!

Pour le souvenir: les 150 ans de la bataille de Cameron, dont le récit m’avait édifié enfant, alors que je vivais quelques années dans un bout de France où la légion avait une base, les pensées pour les batailles gagnées, perdues, les combats plus clairs ou plus sombres.

Pour aujourd’hui: pour le Mali, j’en ai parlé, où l’on va voter dans quelques semaines et que certains voulaient, croyant faire de l’anti-impérialisme, laisser à l’extrémisme. Pour ces petites histoires dans les grandes, comme celle des De Gove,  père et un fils, qui tous deux soldats, défilent ce jour devant le Président. Pour nos militaires de la mission Serval qui se sont battus au Mali pour protéger cette démocratie avec la MISMA et de la MINUSMA, également présents au défilé. Et pour la gendarmerie, qui défile aussi ce jour et dont les missions, notamment en milieu rural, sont essentielles. Et puis les pompiers, bien sûr les pompiers! Pour l’armée de 2013 encore, qui est aussi, malgré les difficultés budgétaires, malgré les dangers, en ces périodes où la conviction et l’action sont moquées sous les L0L et le cynisme, un moyen fort de s’engager et de servir notre pays.

Un pays si attaqué en ce moment par le french-bashing de certains milieux financiers et d’une part excessive de politiciens de la droite française et mondiale. Une petite fraction d’entre eux, regroupés contre le mariage pour tous est allée d’ailleurs siffler le chef des armées au défilé avec le soutien de certains députés UMP…beau respect pour la République, l’armée, nos morts, notre histoire…

Mais purée la Marseillaise aussi, purée la Marseillaise surtout, ça fait toujours des vibrations à l’âme.

Appris grâce à Sarah Peillon et à Elles Sport cette excellente nouvelle:

Il y a donc presque 70 ans c’était la fin officielle d’un conflit atroce ayant très violemment endeuillé l’Europe et le monde et ayant comporté l’indicible horreur de la Shoah.

Il est d’ailleurs instructif de voir que la centralité de cette guerre, si elle n’est niée nulle part n’est pas ressentie de la même façon partout,

Mémoires en France, mémoires en Chine et en Algérie

A commencer par exemple par la Chine. Si le Japon fut le totalitarisme atroce de l’asie durant la période, son action se manifesta sur une période bien plus vaste, incluant des atrocités comme le massacre de Nankin en 1937.

De même ce 8 mai a un double sens en Algérie, y compris pour des raisons de travail de construction de l’histoire par le pouvoir nationaliste à l’indépendance puisqu’il célèbre à la fois la fin de la seconde guerre mondiale, à laquelle les population d’Algérie ont payé un lourd tribu pour libérer la France et l’Europe mais aussi l’horreur du massacre de Sétif et Guelma.

Des postures enfantinement scandaleuses d’aujourd’hui

Sur le sujet j’ai d’ailleurs été surpris par un tract des jeunes communistes du Rhône. Le document explique que les communistes français ont été le moteur de l’indépendance de l’Algérie ce qui est historiquement faux, le PCF votant les pleins pouvoirs pour restaurer « l’autorité française en Algérie »…

Il faudra attendre la création du parti socialiste unifié pour qu’une force s’engage fortement pour l’indépendance du peuple algérien réalisée ensuite par De Gaulle, l’ennemi majeur du PCF. Et puis, si bien sûr il convient de travailler sur la mémoire coloniale, réduire la victoire sur le nazisme des soldats européens, américains et africains à cette horreur est assez répugnant, même si c’est, j’imagine, involontaire. Réduire la mort des résistants. Réduire la mort des soldats US, britanniques, français, d’afrique du nord pendant les batailles? Réduire le drame des femmes coréennes enrôlées de force pour servir d’esclaves sexuelles aux troupes japonaise ? Réduire la Shoah?

Qu’en pensent les élus communistes, nombreux dans les communes du Rhône aux célébrations et banquets de la victoire contre l’horreur fasciste en ce jour, eux dont le parti a longtemps insisté au contraire sur leur participation à la libération nationale?

L’avenir européen nous appartient.

Titre un peu bateau et nunuche, je n’en ai pas trouvé d’autre.

Oui,préférons plutôt nous tourner vers l’avenir.Hier j’ai eu l’occasion de discuter un peu avec Joscka FIscher, grand européen et invité d’honneur du lab des nuits sonores avec le soutien de la compagnie nationale du rhône (mon employeur). Et avec de nombreux journalistes des radios publiques européennes, venues couvrir le festival.

Après les blessures de l’histoire, nous construisons l’Europe. Ce n’est pas rien d’avoir tout à l’heure en conférence un grand européen contemporain de nationalité allemande en ce 8 mai.

Vous trouverez ce jour dans le journal Libération (version tablette et web puisque le papier n’est pas en kiosque pour cause de grève) ma tribune sur Paris et le désert français. Par ROMAIN BLACHIER Adjoint au maire de Lyon VIIe

 Il manquerait, paraît-il, 10 milliards d’euros au Grand Paris pour se réaliser. On l’a appris il n’y a pas longtemps. Ce n’était pas au Conseil de la capitale ni à celui de l’Ile-de-France mais à l’Assemblée nationale qu’on l’a su.

Certes, dans ce célèbre projet de Grand Paris, ce seront les collectivités locales qui auront beaucoup été à la manœuvre. Mais il aura fallu l’impulsion de différents gouvernements centraux et des députés de la nation. Un secrétaire d’Etat, Christian Blanc, aura même été nommé spécialement sur cette question.

La réforme de l’organisation du territoire de la région parisienne démontre une nouvelle fois une dialectique serrée et surtout privilégiée par rapport aux autres avec l’Etat central, qui lui accorde attentions et moyens. L’argent et la décision étatique au profit de l’Ile-de-France. Pas grand-chose de nouveau.

Une continuation en quelque sorte du vieux jacobinisme national, qui considère qu’il y a deux classes de citoyens à organiser : celle de Paris et celle du «désert français», selon l’expression d’un vieil ouvrage de Jean-François Gravier. Un pays dans lequel certaines professions, certains niveaux de responsabilités ne sont accessibles que dans une unique métropole du pays. Son coût s’établirait à quelque 30 milliards d’euros, soit une augmentation de près de 50 % par rapport aux prévisions initiales (20,5 milliards d’euros). Essentiellement financés par l’Etat donc les impôts de l’ensemble des Français, quelle que soit leur situation géographique dans l’ensemble national. L’Ile-de-France, tel le monde imaginaire de Terry Pratchett, avance à un pas lent et lourd de pachyderme. Malgré la bonne volonté de chacun.

Ailleurs, dans d’autres territoires de la république, ce sont les acteurs locaux qui prennent en main leur destin, sans attendre forcément des feux verts étatiques, en devançant souvent la loi à venir, dans des territoires de tous bords politiques.

Il y a d’abord l’Alsace, où les conseils généraux du Haut-Rhin, du Bas-Rhin et le conseil régional vont fusionner. Rien d’illogique sur un territoire à forte identité culturelle, dans la région qui comporte le moins grand nombre de départements en France métropolitaine. Il n’y a eu ici nul besoin d’intervention de l’Etat pour que les forces vives locales, certes toutes du même camp dans la république, s’entendent pour donner une plus grande cohérence à leur territoire.

Dans la région lyonnaise, c’est à un accord entre des forces adverses que nous assistons puisque l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy, Michel Mercier, président du conseil général du Rhône, et le maire socialiste de Lyon et président de la communauté urbaine, Gérard Collomb, se sont mis d’accord pour une organisation nouvelle du territoire et surtout la première eurométropole, qui disposerait de compétences très élargies. Dans une région lyonnaise qui multipliait les échelons, c’est une véritable évolution : un habitant de Lyon voyait se superposer un immense mille-feuille comprenant l’arrondissement, la ville, la communauté de commune, le département, la région, l’Etat, l’Union européenne… Ouf. Restera à penser toutefois le rapport à la région. A la proximité. Et surtout celui au citoyen. Dans un pays focalisé, on l’a dit, autour de sa seule jambe parisienne alors que les Italiens, les Allemands, les Espagnols, les Portugais, etc. peuvent compter sur un pays pluripolaire, c’est une véritable révolution.

Lyon, c’est environ 500 000 habitants, et c’est la troisième ville française, au sein de la seconde agglomération du pays après Paris. Au Royaume-Uni, elle ne serait que septième. En Allemagne, quatorzième, derrière Hanovre ou Leipzig. Avec des pouvoirs renforcés, une métropole, qui, dans un premier temps, compterait plus de 1 million d’habitants, à la hauteur de Munich et largement au-dessus de Birmingham, seconde cité britannique derrière Londres.

Lyon, aujourd’hui, se retrouverait à pouvoir jouer, en population mais surtout en attractivité et en dynamisme, dans le concert des métropoles européennes. Il est à noter que la production de richesse par habitant est supérieure de 40 % à la moyenne nationale de leurs pays dans les agglomérations du monde supérieures à 1 million d’habitants.

Et la France pourrait ne plus être ce lieu sempiternel où Provinciaux et Parisiens s’invectivent et où il n’existe aucun salut pour nombre d’activités, une fois franchies les frontières d’Ile-de-France.

Sans nul doute il faudra clarifier les modes de désignation et d’élection de ces grands ensembles, qui se doivent d’être les plus démocratiques possible. Et puis penser que cette nouvelle organisation peut être un mode de résolution des formidables inégalités qui existent à l’intérieur même des territoires urbains. Et enfin réfléchir à la nécessaire proximité avec le citoyen. Sous quelle forme ? Commune ? Ou plutôt ces grands arrondissements que l’on peut voir à Séoul, à l’instar du désormais rendu célèbre musicalement quartier de Gangnam.

Nul doute alors que des capitales régionales ouvertes sur le monde comme Lille, Bordeaux, Toulouse ou Marseille suivront. Pour un pouvoir plus proche des citoyens et une simplification administrative profitable à tous. Et qui sait ? Paris peut-être aussi y viendra…

Paru ce jour dans Libération

france Archives Romain Blachier

Ce matin ce phénomène issu du système médiatique qu’est Marine Le Pen était invitée sur I-Télé/Europe 1 pour évoquer quelques lignes de son programme. Les journalistes, comme c’est souvent le cas dans ce rendez-vous dominical, oscillaient entre agressivité souvent inutile et service des plats des plus flagorneurs.

Mais ce qui m’a le plus marqué c’est que Marine Le Pen a encore proféré le même mensonge qu’elle ressert sans qu’un journaliste un tant soit peu documenté relève l’erreur: le porc serait interdit dans les cantines scolaires en France. Une simple recherche sur les menus proposés dans les différentes communes aurait permis à ses désormais nombreux élus de voir que tel n’est pas le cas et que les restaurants scolaires de notre pays proposent bien cet animal à la carte. Tenez jeudi, chez ma copine Hélène, dans les cantines de Vaulx-en-Velin on pouvait manger un succulent saucisson lyonnais. A Lyon, dans les restaurants scolaires,  c’était sauté de porc. Les écoliers de Fréjus auraient été bien surpris, en mangeant leur cochon façon colombo, de voir David Rachline, candidat frontiste et désormais Maire, affirmer qu’il allait remettre cette même viande au menu de la restauration scolaire…Curieux non? Et je vais pas vous faire toutes les communes de France. A moins que la leader du FN ne mente consciemment pour faire son beurre sur une peur imaginaire?

S’en est ensuivi, suite à un de mes tweets sur le sujet, une conversation intéressante avec quelques copains de réseaux sociaux sur la laïcité dans les cantines.

La question est: comment faire pour faire respecter la laïcité dans l’école de la République tout en permettant à chacun de pouvoir bénéficier du service public pour ses enfants.

Vaste question. Et légitime. Sachant que, outre la question du porc pour les écoliers musulmans, certaines communes en sont encore à respecter une tradition du poisson obligatoire le vendredi, tradition abandonnée théologiquement depuis longtemps pourtant par les catholiques.

A Lyon nous avons trouvé la solution, qui a en plus le mérite de sensibiliser les enfants à la consommation raisonnée et à l’empreinte écologique de la surconsommation de matières animales: on propose, pour ceux qui le souhaitent, des repas sans viande et équilibrés. Histoire d’ouvrir la cantine à tout le monde. Et à ni favoriser ni discriminer personne, à ne faire aucun communautarisme.

Bizarrement l’extrême-droite, qui s’affirme pourtant officiellement lutter contre ce même communautarisme est contre cette mesure que nous avons mise en place…

photo sous licence creative commons: kendiala

Les lecteurs les plus anciens de ce blog le savent: j’ai de fortes réserves sur la nécessité de célébrer les cérémonies de victoires de la 1ere guerre mondiale, même si le sens de ce temps de mémoire a évolué dans un sens heureux depuis quelques années, revenant à son intention de départ: le souvenir des destins brisés, souvenir légitime, et moins la fête d’une victoire de guerre civile européenne.

Toujours est-il que la cérémonie du 11 novembre est au niveau des institutions républicaines un moment d’unité. Ce ne fut pas le cas cette année.

D’abord le député UMP Reynès s’est fait poignarder avec deux autres élus des Bouches du Rhône, Louis Bouchet et Françoise Cestier en pleines cérémonies à Châteaurenard. Mes pensées à ces trois victimes, en attendant que leur agresseur, interpellé, explique son geste immonde.

Et puis il y a les sifflets contre le Président, organisés par les différents mouvements réacs, de la manif pour tous, du printemps français, d’autres mouvances issues de la droite et de l’extrême-droite militante.

Certains avaient revêtu le bonnet rouge des casseurs bretons, tout en étant probablement aussi étrangers à la région de Dan Ar Braz que Nadine Morano au bon goût.Je me suis opposé à la politique d’endettement que nous payons aujourd’hui, d’injustices, de jacobinisme et de division du pays par Sarkozy. Pourtant j’ai approuvé certains de ses discours du 11 novembre, qui allaient dans le sens d’une mémoire d’Europe, comme le fait aujourd’hui également François Hollande. Jamais il ne me serait venu à l’idée de le siffler pendant qu’il représentait un bout d’histoire nationale.

Des sifflets organisés pendant les cérémonies du souvenir des morts de la première guerre mondiale. Des sifflets pendant la minute de silence aux morts. Des sifflets pendant la Marseillaise, là où les mêmes s’indignent et se révoltent sans doute quand des petits cons sifflent la marseillaise au football. Tiens serait-il possible de voir Finkielkrault ou Zemmour parler de menaces sur la République par ces sifflets du onze novembre là? Tiens Elisabeth Lévy va-t-elle lancer quelque pétition au sujet de cette mémoire bafouée?

On n’avait pas entendu ces gens là lorsque des militants de la droite lyonnaise avaient sifflé la mémoire du résistant Jean Moulin il y a quelques mois… On a le droit de les traiter de racailles ou pas ceux-là?

Ou alors la patrie pour certains ne serait-elle qu’un moyen de stigmatisation et d’instrumentalisation quelconque plutôt qu’une appartenance ? Tout comme nombre de ceux qui avaient  le drapeau français en main pendant les meetings de Sarkozy passent leur temps ces jours à stigmatiser les entreprises et les travailleurs de notre pays et vont, pour certains d’entre eux, se solidariser avec les manifestants ? Rien ne la convaincra cette France, aucun recul, aucune concession.

La République est solidement défendue par nos compatriotes. Mais sa mémoire a été souillée ce jour comme elle l’a été il y a quelques mois à Lyon. A Châteaurenard. A Paris.

Des éléments intéressants pour l’artisanat et du flou sur le commerce, voila mon ressenti en lisant le projet de loi relatif à l’artisanat, au commerce et aux TPE présenté par Sylvia Pinel, Ministre de l’artisanat, du commerce et du tourisme en conseil des ministres.

On y trouve du bon, du flou, du moins bon, du problématique. Mon analyse:

Les bons points

La protection des commerçants concernant les hausses brutales des loyers commerciaux et les rapports avec leurs propriétaires. Un état des lieux sera désormais obligatoire à l’entrée et à la sortie du lieu et des procédures de médiation seront mises en place. Un droit de préférence au commerçant occupant, comme cela existe chez les particuliers, sera octroyé si le propriétaire souhaite vendre son bien et son locataire acheter.
>Pour ce qui concerne les hausses de loyer commercial, le gouvernement a décidé de limiter à 10% par an les augmentations possibles et offre ainsi la possibilité aux commerçants d’anticiper les hausses de leur loyer afin le cas échéant de se retourner.

De plus l’indice devrait évoluer: En effet les bailleurs utilisent majoritairement l’Indice du coût de la Construction (ICC), qui correspond à la santé de la construction immobilière, inclu l’évolution du prix des matériaux et défavorise donc le locataire.Celui-ci sera remplacé l’ILC (Indice des loyers commerciaux), tout en permettant d’autres références comme l’ILAT (Indice des loyers des activités tertiaires), rendant en cela plus fidèle à la réalité l’évolution réelle du prix du loyer..

Le contrôle de qualification professionnelle des artisans sera renforcé, à la fois par la DGCCRF et les chambres de métiers et de commerce. A l’inverse de ce qu’avait fait le précédent gouvernement où avec la loi Warsemann, n’importe qui aurait pu sans aucune qualification, se prévaloir du titre d’artisan.Ce qui pouvait amener une forte confusion dans l’esprit du consommateur (ce plâtrier est-il vraiment formé pour ce travail ou non ?) et à ne pas reconnaitre les compétences et le métier acquis. L’idée est donc bonne. Reste à voir d’une part si les moyens de contrôle seront adaptés et si le panel de professions seront ciblées sur les métiers à savoir-faire sans abus. Une bonne mesure en tous cas.

Le régime de l’entrepreneur individuel à responsabilité limitée (EIRL) rend plus simple les démarches pour bénéficier de la protection du patrimoine personnel de l’entrepreneur, qu’il soit primo-créateur ou déjà en activité. Par exemples les obligations de publication seront allégées à la seule publication de leur bilan. C’est un premier pas positif même si les créations collectives vont devoir aussi à mon sens devoir être simplifiées également.Ainsi que les très diverses formes d’entreprises.

Enfin le rééquilibrage de la composition des CDAC garanti une meilleure prise en compte de l’intérêt général dans la prise en compte de l’équilibre entre petit commerce et grandes surfaces.

Les points flous ou négatifs

-Hélas, toujours un flou réel concernant la situation des auto-entrepreneurs, dans une réforme peu pensée et qui à la fin ne satisfera personne, dont j’avais parlé ici.

Le FISAC, élément vital dans l’économie de proximité, est affirmé comme un outil important. Cela met fin à plusieurs années de ce gouvernement comme dfu précédent à ce sujet. Mais les modalités et financements restent dans le vague…alors qu’au niveau local le bilan de ces dispositifs sont considérés comme très positifs par les élus et commerçants.

-Les Drive, qui devaient être régulés et échappent actuellement à nombre d’obligations en matière de demande d’autorisation auprès des CDAC et en matière de fiscalité sont sortis du projets de loi. Sans doute suite aux demandes du groupe Auchan et de Casino. Reste un traitement injuste vis à vis des autres acteurs du commerce…

Le rapport de la Cour des comptes sur la filière des énergies renouvelables est salutaire: il pointe les réussites et les dysfonctionnements qu’il y a dans ce secteur, qui pèse d’après le rapport annuel de RTE, un peu plus de 21% de la production énergétique nationale.

Principal dysfonctionnement relevé: le coût très élevé de l’aide au photovoltaïque pour un développement finalement peu concluant, issu des mesures prises par Jean-Louis Borloo et amendées ensuite mais qui restent coûteuses pour la collectivité.De même la mauvaise fixation du tarif d’achat dans le solaire photovoltaïque, a conduit à une bulle en 2009 et 2010,«  coûteuse pour le consommateur et dommageable pour la balance commerciale », et dont ultérieurement « le traitement tardif et vigoureux a désorganisé la filière et détruit des emplois ».

Il est à noter que le photovoltaique, qui est l’une des énergies renouvelables possédant le plus haut potentiel de progression, ne pèse pour l’instant que moins de 0,5% de la production nationale. Qu’il soit recommandé un soutien plus raisonné à la filière et une réorientation vers des sources de production vertes moins coûteuses est justifiée. Il est d’ailleurs à noter que l’éolien et l’hydroélectrique (NLDR: secteur où je travaille comme vous le savez) sont jugés favorablement dans le rapport.Le photovoltaique n’est d’ailleurs pas la seule source d’énergie verte, elle est même ultra-minoritaire.

Là où par contre cela devient problématique, c’est quand le rapport est mal lu et repris de travers par une partie de la presse. Pour Les Echos, c’est TOUTES les énergies vertes qui sont condamnées par ce rapport, visiblement lu à la va vite. Pour le Figaro il faut arrêter le vert. Mélangeant donc 0,5% de la production avec l’ensemble des énergies renouvelable…bravo la rigueur.

C’est oublier que le secteur est source à la fois d’exportations, d’emplois et surtout de richesses pour le pays, ainsi que de rentrées fiscales. Pour donner une idée de la densité du secteur le Syndicat des Energies renouvelables, qui regroupe les entreprises principales du secteur pèse 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 80 000 emplois et exporte sa production et ses avoirs-faire à l’étranger.

La grande majorité de la production d’énergie verte française (plus de 85%) est d’ailleurs nullement subventionnée puisque rentable. A signaler que contrairement aux énergies fissiles que sont le nucléaire, ou fossiles comme par exemple le pétrole, les énergies renouvelables ne nécessitent aucun import.

Avec une fourchette de coût de production d’environ 15 à 25 euros du megawatt/heure produit, il est loin derrière un nucléaire de plus en plus coûteux, situé dans une fourchette entre 35 et 130 euros du mégawattheure. A noter que la biomasse aussi commence à devenir très compétitive avec l’atome…

Qu’il faille corriger les erreurs de Borloo, qu’il faille réorienter certaines aides c’est clair. Mais qu’on se dise que l’énergie renouvelable est la grande majorité du temps non subventionnée et rentable.

N’oublions pas d’ailleurs que au niveau de l’énergie, le nucléaire est, de loin, la plus largement subventionné directement ou non,par l’Etat et dont le coût induit est très élevé les charges d’exploitation du parc nucléaire français ont couté 8,9 milliards d’euros à EDF en 2010. Il y a d’ailleurs, alors que l’aide à certaines énergies renouvelables est remise en cause, tout un mouvement actuellement de demande d’aide aux centrales nucléaires à l’Europe par plusieurs états membres…

Certes je ne suis pas un assidu chaque année des cérémonies militaires mais il a de la gueule ce 14 Juillet, du chien, de la classe.

Il y a aussi des couleurs internationales à ce 14 juillet. Il y a un grand nombre de délégations étrangères. Deux sont à l’honneur.

Pour commencer il y a au défilé des patrouilles des soldats maliens conduits par le bien nommé Dao Elisée, pays à la démocratie sauvée par l’intervention de notre armée, sous direction du Président de la République et de l’Amiral Edouard Guillaud.

A l’honneur également, un détachement de Croatie, sous le commandement du Major Branimir Gacina-Bilin, issu d’un pays en guerre il n’y a pas si longtemps et qui a rejoint l’Union Européenne il y a très peu.

Et bien sûr la patrouille franco-allemande, mais est-elle réellement encore et toujours une brigade internationale plutôt qu’une composante pleinement intégrée à nos armées? La réponse est dans la question.

Et puis, couleurs internationales encore, plus d’une vingtaine de pays ont souhaité retransmettre l’événement.

Certes ce n’est pas la première fois que le monde est invité au 14 juillet: c’est le cas chaque année ou presque.

Mais qu’il nous soit permis de préférer les soldats de la démocratie rétablie du Mali et des nouveaux entrants dans l’Union Européenne à une tribune du 14 Juillet d’il y a quelques années où Nicolas Sarkozy avait cru bon d’avoir en invité d’honneur Bachar El-Assad, dictateur sanguinaire de Syrie !

Et surtout c’est une histoire française d’abord que ce défilé, celui du 14 juillet.

Pour le pas terrible: celui d’une phrase, comme le souligne mon ami Laurent Bouvet, qui aurait pu être prononcée il y a trente ans « Michel Drucker est dans l’avion de la patrouille de France ». Quel ennui et conservatisme en effet que le paysage audiovisuel français… Ou les postures infantiles style rebelle de 12 ans sur twitter de l’EELV Xavier Cantat, invité au défilé en tant que compagnon de Cécile Duflot,

Pour le paradoxe apparent: voici que nous faisons un défilé militaire pour commémorer aussi la prise de la Bastille par des civils face à des soldats. Mais puisque l’armée était celle du roi et les troupes fêtées aujourd’hui celles de la République issue de la révolution, la filiation est donc, bien du côté des sans culottes!

Pour le souvenir: les 150 ans de la bataille de Cameron, dont le récit m’avait édifié enfant, alors que je vivais quelques années dans un bout de France où la légion avait une base, les pensées pour les batailles gagnées, perdues, les combats plus clairs ou plus sombres.

Pour aujourd’hui: pour le Mali, j’en ai parlé, où l’on va voter dans quelques semaines et que certains voulaient, croyant faire de l’anti-impérialisme, laisser à l’extrémisme. Pour ces petites histoires dans les grandes, comme celle des De Gove,  père et un fils, qui tous deux soldats, défilent ce jour devant le Président. Pour nos militaires de la mission Serval qui se sont battus au Mali pour protéger cette démocratie avec la MISMA et de la MINUSMA, également présents au défilé. Et pour la gendarmerie, qui défile aussi ce jour et dont les missions, notamment en milieu rural, sont essentielles. Et puis les pompiers, bien sûr les pompiers! Pour l’armée de 2013 encore, qui est aussi, malgré les difficultés budgétaires, malgré les dangers, en ces périodes où la conviction et l’action sont moquées sous les L0L et le cynisme, un moyen fort de s’engager et de servir notre pays.

Un pays si attaqué en ce moment par le french-bashing de certains milieux financiers et d’une part excessive de politiciens de la droite française et mondiale. Une petite fraction d’entre eux, regroupés contre le mariage pour tous est allée d’ailleurs siffler le chef des armées au défilé avec le soutien de certains députés UMP…beau respect pour la République, l’armée, nos morts, notre histoire…

Mais purée la Marseillaise aussi, purée la Marseillaise surtout, ça fait toujours des vibrations à l’âme.

Appris grâce à Sarah Peillon et à Elles Sport cette excellente nouvelle:

Il y a donc presque 70 ans c’était la fin officielle d’un conflit atroce ayant très violemment endeuillé l’Europe et le monde et ayant comporté l’indicible horreur de la Shoah.

Il est d’ailleurs instructif de voir que la centralité de cette guerre, si elle n’est niée nulle part n’est pas ressentie de la même façon partout,

Mémoires en France, mémoires en Chine et en Algérie

A commencer par exemple par la Chine. Si le Japon fut le totalitarisme atroce de l’asie durant la période, son action se manifesta sur une période bien plus vaste, incluant des atrocités comme le massacre de Nankin en 1937.

De même ce 8 mai a un double sens en Algérie, y compris pour des raisons de travail de construction de l’histoire par le pouvoir nationaliste à l’indépendance puisqu’il célèbre à la fois la fin de la seconde guerre mondiale, à laquelle les population d’Algérie ont payé un lourd tribu pour libérer la France et l’Europe mais aussi l’horreur du massacre de Sétif et Guelma.

Des postures enfantinement scandaleuses d’aujourd’hui

Sur le sujet j’ai d’ailleurs été surpris par un tract des jeunes communistes du Rhône. Le document explique que les communistes français ont été le moteur de l’indépendance de l’Algérie ce qui est historiquement faux, le PCF votant les pleins pouvoirs pour restaurer « l’autorité française en Algérie »…

Il faudra attendre la création du parti socialiste unifié pour qu’une force s’engage fortement pour l’indépendance du peuple algérien réalisée ensuite par De Gaulle, l’ennemi majeur du PCF. Et puis, si bien sûr il convient de travailler sur la mémoire coloniale, réduire la victoire sur le nazisme des soldats européens, américains et africains à cette horreur est assez répugnant, même si c’est, j’imagine, involontaire. Réduire la mort des résistants. Réduire la mort des soldats US, britanniques, français, d’afrique du nord pendant les batailles? Réduire le drame des femmes coréennes enrôlées de force pour servir d’esclaves sexuelles aux troupes japonaise ? Réduire la Shoah?

Qu’en pensent les élus communistes, nombreux dans les communes du Rhône aux célébrations et banquets de la victoire contre l’horreur fasciste en ce jour, eux dont le parti a longtemps insisté au contraire sur leur participation à la libération nationale?

L’avenir européen nous appartient.

Titre un peu bateau et nunuche, je n’en ai pas trouvé d’autre.

Oui,préférons plutôt nous tourner vers l’avenir.Hier j’ai eu l’occasion de discuter un peu avec Joscka FIscher, grand européen et invité d’honneur du lab des nuits sonores avec le soutien de la compagnie nationale du rhône (mon employeur). Et avec de nombreux journalistes des radios publiques européennes, venues couvrir le festival.

Après les blessures de l’histoire, nous construisons l’Europe. Ce n’est pas rien d’avoir tout à l’heure en conférence un grand européen contemporain de nationalité allemande en ce 8 mai.

Vous trouverez ce jour dans le journal Libération (version tablette et web puisque le papier n’est pas en kiosque pour cause de grève) ma tribune sur Paris et le désert français. Par ROMAIN BLACHIER Adjoint au maire de Lyon VIIe

 Il manquerait, paraît-il, 10 milliards d’euros au Grand Paris pour se réaliser. On l’a appris il n’y a pas longtemps. Ce n’était pas au Conseil de la capitale ni à celui de l’Ile-de-France mais à l’Assemblée nationale qu’on l’a su.

Certes, dans ce célèbre projet de Grand Paris, ce seront les collectivités locales qui auront beaucoup été à la manœuvre. Mais il aura fallu l’impulsion de différents gouvernements centraux et des députés de la nation. Un secrétaire d’Etat, Christian Blanc, aura même été nommé spécialement sur cette question.

La réforme de l’organisation du territoire de la région parisienne démontre une nouvelle fois une dialectique serrée et surtout privilégiée par rapport aux autres avec l’Etat central, qui lui accorde attentions et moyens. L’argent et la décision étatique au profit de l’Ile-de-France. Pas grand-chose de nouveau.

Une continuation en quelque sorte du vieux jacobinisme national, qui considère qu’il y a deux classes de citoyens à organiser : celle de Paris et celle du «désert français», selon l’expression d’un vieil ouvrage de Jean-François Gravier. Un pays dans lequel certaines professions, certains niveaux de responsabilités ne sont accessibles que dans une unique métropole du pays. Son coût s’établirait à quelque 30 milliards d’euros, soit une augmentation de près de 50 % par rapport aux prévisions initiales (20,5 milliards d’euros). Essentiellement financés par l’Etat donc les impôts de l’ensemble des Français, quelle que soit leur situation géographique dans l’ensemble national. L’Ile-de-France, tel le monde imaginaire de Terry Pratchett, avance à un pas lent et lourd de pachyderme. Malgré la bonne volonté de chacun.

Ailleurs, dans d’autres territoires de la république, ce sont les acteurs locaux qui prennent en main leur destin, sans attendre forcément des feux verts étatiques, en devançant souvent la loi à venir, dans des territoires de tous bords politiques.

Il y a d’abord l’Alsace, où les conseils généraux du Haut-Rhin, du Bas-Rhin et le conseil régional vont fusionner. Rien d’illogique sur un territoire à forte identité culturelle, dans la région qui comporte le moins grand nombre de départements en France métropolitaine. Il n’y a eu ici nul besoin d’intervention de l’Etat pour que les forces vives locales, certes toutes du même camp dans la république, s’entendent pour donner une plus grande cohérence à leur territoire.

Dans la région lyonnaise, c’est à un accord entre des forces adverses que nous assistons puisque l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy, Michel Mercier, président du conseil général du Rhône, et le maire socialiste de Lyon et président de la communauté urbaine, Gérard Collomb, se sont mis d’accord pour une organisation nouvelle du territoire et surtout la première eurométropole, qui disposerait de compétences très élargies. Dans une région lyonnaise qui multipliait les échelons, c’est une véritable évolution : un habitant de Lyon voyait se superposer un immense mille-feuille comprenant l’arrondissement, la ville, la communauté de commune, le département, la région, l’Etat, l’Union européenne… Ouf. Restera à penser toutefois le rapport à la région. A la proximité. Et surtout celui au citoyen. Dans un pays focalisé, on l’a dit, autour de sa seule jambe parisienne alors que les Italiens, les Allemands, les Espagnols, les Portugais, etc. peuvent compter sur un pays pluripolaire, c’est une véritable révolution.

Lyon, c’est environ 500 000 habitants, et c’est la troisième ville française, au sein de la seconde agglomération du pays après Paris. Au Royaume-Uni, elle ne serait que septième. En Allemagne, quatorzième, derrière Hanovre ou Leipzig. Avec des pouvoirs renforcés, une métropole, qui, dans un premier temps, compterait plus de 1 million d’habitants, à la hauteur de Munich et largement au-dessus de Birmingham, seconde cité britannique derrière Londres.

Lyon, aujourd’hui, se retrouverait à pouvoir jouer, en population mais surtout en attractivité et en dynamisme, dans le concert des métropoles européennes. Il est à noter que la production de richesse par habitant est supérieure de 40 % à la moyenne nationale de leurs pays dans les agglomérations du monde supérieures à 1 million d’habitants.

Et la France pourrait ne plus être ce lieu sempiternel où Provinciaux et Parisiens s’invectivent et où il n’existe aucun salut pour nombre d’activités, une fois franchies les frontières d’Ile-de-France.

Sans nul doute il faudra clarifier les modes de désignation et d’élection de ces grands ensembles, qui se doivent d’être les plus démocratiques possible. Et puis penser que cette nouvelle organisation peut être un mode de résolution des formidables inégalités qui existent à l’intérieur même des territoires urbains. Et enfin réfléchir à la nécessaire proximité avec le citoyen. Sous quelle forme ? Commune ? Ou plutôt ces grands arrondissements que l’on peut voir à Séoul, à l’instar du désormais rendu célèbre musicalement quartier de Gangnam.

Nul doute alors que des capitales régionales ouvertes sur le monde comme Lille, Bordeaux, Toulouse ou Marseille suivront. Pour un pouvoir plus proche des citoyens et une simplification administrative profitable à tous. Et qui sait ? Paris peut-être aussi y viendra…

Paru ce jour dans Libération