Un souvenir du bac

C’est aujourd’hui que nous savons définitivement qui a le bac ou pas dans notre chère et belle République. Pour le coup je voulais inviter quelques blogueurs à évoquer une épreuve du bac. Tenez je vais nominer Nicolas Jegou, Juan,Cranemou, Littlecelt, Bembelly et Mademoizelle Geekette.

Charge à eux ensuite si ils le souhaitent de nominer d’autres personnes. Oui c’est une chaine de blog à l’ancienne.Sur un souvenir du bac

La prof d’anglais était pas sympa. Vraiment pas. Et pour tout dire un peu raciste, y compris à mon sujet, malgré le fait que nous partagions tout les deux le fait d’être caucasien comme ils disent dans la plus puissante des nations qui parle l’idiome qu’elle enseignait. Comme ils classent dans ce pays, qui lui aussi quoi qu’on en dise, aime les tiroirs et les statistiques.

J’étais alors enfant d’expatriés résidant au Cameroun en mes temps de lycée. Après quelques années à y être moi aussi,  je me retrouvais en France, dans une ville célèbre pour son festival de théâtre de rue et située dans un département au chiffre rappelant le score d’une rencontre entre le Brésil et l’Allemagne de ces jours-ci.

Disons, pour en revenir à la dame qu’elle avait une vision assez Michel Leeb du continent Africain. A m’affirmer qu’elle était sur qu’il n’y avait que des films sur les animaux de la jungle  sur les télés d’Afrique. Ou à blaguer sur les bananes, que selon elle les ressortissants du pays de Roger Milla passaient leurs temps à manger en roulant les yeux autour de leurs 45 enfants par femme. Une dame peu sympathique mais sans doute surtout peu pourvue en facultés intellectuelles par le créateur.

Et en tant que professeure, aussi peu intéressée par sa matière que Rachida Dati, originaire de la même ville, (qui a aussi vu naitre des gens très biens, là n’est pas la question) est piquée d’éthique. Je me souviens d’ailleurs que celle qui avait pour but en échange de son revenu, de m’apprendre la langue de Damon Albarn m’avait regardé avec mépris lire le Guardian, journal pourtant très compatible avec sa matière alors qu’elle ouvrait France Dimanche lors d’un voyage en train pour une sortie scolaire.

Il fallait donc chercher ailleurs la passion pour la langue anglaise: ce fut, j’avais quelques possibilités de voyager, dans quelques séjours londoniens, déjà à l’époque. Ce fut dans les lectures de la presse anglo-saxonne, qui me permettait de m’évader un peu de l’univers un peu fermé qui m’était parfois imposé. Cette presse , je crois que c’était dans Newsweek, qui était encore en papier à l’époque, j’avais entendu parler d’un monde qui en ferait du virtuel du plus tard justement de ce Newsweek: internet, que je prononçais bizarrement ‘interternet’. Va comprendre pourquoi.Et puis il y avait les textes conscients du rap de l’époque . Et puis ceux de NOFX qui plongeaient dans l’absurdité teenageur.

Plus que d’une salle de classe un peu grise, d’un anglais de lycée un peu trop scolaire pour être une langue vivante, d’une prof beaucoup trop fermée pour donner l’envie de parler avec l’ailleurs.

En fait en ces aubes du milieu des années 90 l’anglais avait plus pour moi les atours d’un monde à venir et d’un idiome de communication pour que tous les filles et les gars  du monde échangent et se tiennent la main.

Le jour du bac, je crois que l’épreuve durait trois heures. Un peu bravache j’ai fini très tôt, je crois le premier de ma salle. Et je tombais sur ma professeure qui m’hurla dessus lorsqu’elle me vit sortir si tôt en m’expliquant qu’on ne faisait pas comme cela, qu’on devait rester davantage sur sa chaise parce que c’était ainsi. C’était la dernière fois que je la voyais. Le 16 ou le 16,5 (à moins que ce ne soit un autre chiffre mais en tous cas une bonne note) contribua à mon bac. Et me permis de partir ailleurs si c’était pas plus sympa de parler anglais avec d’autres que la dame.

J’ai depuis eu l’occasion beaucoup de fois d’échanger et d’écrire dans la langue des frères Gallagher. J’ai même écorché l’idiome de Boris Johnson lors d’une intervention à des réunions à la chambre des communes, dans des cours que j’ai donné (et où je préviens mes étudiants que mon accent relève du globish plus que du Cambridge English),des conférences et même un entretien avec un ou deux ministres étrangers. J’ai écrit des notes, des rapports, des articles, quelques lignes de codes aussi dans le creuset du langage de Tom Sharpe. Je n’ai presque plus jamais pensé à cette histoire d’anglais au bac. Jusqu’à il y a quelque jour où j’ai vu un jeune garçon la boule au ventre parler à un de ses amis de son inquiétude: il était sorti de l’épreuve d’anglais un peu tôt.