Les artistes ont le droit de vivre de leur travail !

Prenez le statut de l’intermittence. Les confédérations signataires de la lettre de cadrage pour l’assurance chômage des intermittents n’ont pas avalisé en l’état l’accord conclu par la profession (dont pourtant les fédérations cultures de la plupart des syndicats), préférant s’en remettre à l’Etat. Echec des négociations. Mauvaise nouvelle pour les intermittents et la Culture.

La solution d’urgence peut être un danger pour demain sur l’intermittence

Alors le gouvernement s’est engagé, à combler le trou, amener la somme qui manque pour financer le régime des intermittents. « Nous pourrions apporter 12 millions de financements supplémentaires pour atteindre les 105 millions d’euros », a indiqué le ministère de la Culture. Mais la question d’un régime financé avec l’argent de l’Etat pose des questions de sérénité et de pérennité du système: Si la Ministre de la Culture Audrey Azoulay est donc prête à soutenir le régime des intermittents, qu’en sera-t-il d’un éventuel gouvernement de droite ?

Quand on aperçoit le triste traitement de la question culturelle dans les collectivités locales détenues par le parti de Nicolas Sarkozy et de Laurent Wauquiez, on peut légitimement avoir des craintes pour l’avenir du système. Pourtant se retirer de la Culture sur son territoire, c’est pour un Maire ou un Président de Région, faire disparaitre des acteurs de son territoire. Et contribuer à centrer l’offre culturelle sur le seul Paris et sa banlieue.

Tout se passe, chez les partenaires sociaux, comme si la question de l’intermittence était en soi un totem. Les intermittents pour le MEDEF c’est un peu comme les musulmans pour Eric Zemmour ou  les juifs pour Dieudonné: une cible sur laquelle on tape violemment et un moyen de fédérer.

Mais la question de la rémunération des artistes du spectacle vivant procède de soucis bien plus larges que le statut.

Il y a aussi tout ce travail qui n’est payé. Dans assez peu d’autres domaines on est à ce point sollicité pour exercer son métier sans rémunération. Combien d’acteurs, de musiciens, de techniciens, de djs se voient proposer  de travailler sans contrepartie ? Y compris dans des événements à vocation marchande. Y compris quand des budgets conséquents existent. On imagine difficilement les organisateurs d’événements demander à être fournis gratuitement en hamburgers et canettes à revendre auprès des grossistes. C’est pourtant l’équivalent de cela qui est demandé aux artistes. Sans compter bien évidemment les fois où le cachet ne permet que de couvrir le spectacle et pas les répétitions. Si et seulement si on trouve des cachets puisque la liste des festivals de tous domaines artistiques qui ferment en France est immense.

Les musiciens mal rémunérés par les géants du web

Cette question de la rémunération se porte aussi sur le numérique. Notamment dans les supports musicaux. Si le streaming légal de Deezer ou Apple Music permet de rémunérer les artistes, il paye bien mal les musiciens. La faute à une redistribution imparfaite mais aussi à une course aux prix des plates-formes, laissant peu de marges aux musiciens et des bouts de centimes par chanson écoutée. Il parait que c’est un mauvais moment à passer, que le stream ça paiera mieux demain. On ne peut qu’espérer. En attendant la musique est un produit d’appel simple pour permettre aux multinationales du numérique de capter nos données personnelles et nos goûts.

Quand aux vidéastes, les plates-formes les plus populaires comme youtube ne permettent une rémunération, faible là aussi, qu’à partir d’un fort volume de vues. Là encore la captation de valeur se fait principalement au détriment des artistes. Heureusement qu’il existe encore des dispositifs de soutien aux musiciens. La SACEM en compte 150. Encore faut-il y être éligible et les connaitre, ce qui n’est pas facile quand on est une petite structure.

Avec les baisses diverses de subvention en ces années passées de crise, c’est tout notre système culturel qui vacille. Restent quelques citadelles institutionnelles, généralement situées en Ile-de-France. Mais les citadelles sont-elles les meilleurs lieux pour le culturel ? Des citadelles dans lesquels on n’ouvre plus la bourse pour les troubadours.