Je ne vous souhaite pas une bonne année 2016

Tu as vu cette année n’a pas été toujours joyeuse. On te le dit. Partout. Dans tous les journaux. Dans toutes les conversation. 2015 a été une mauvaise année, c’est ce que disent 81% de nos compatriotes. D’ailleurs elle s’excuse du bordel cette année. D’avoir été si nulle.

Il y a eu des attentats, des guerres, le FN.  Partout tout le temps. Il y a le chômage qui bouge pas. La classe politique qui se renouvelle pas. Les inégalités qui explosent. Les entreprises qui virent. Les inégalités hommes/femmes qui continuent. Les discriminations qui avancent pendant que l’intelligence recule.

Sur le plan personnel sans doute tu fais peut-être partie, comme d’autres, de ceux qui se disent que leur début d’année 2015 était sans doute moins incertain que celle-ci. Et que ton monde à toi, en plus du monde en général, ne va pas en s’améliorant.

Tu peux regarder les difficultés que tu as. Que nous avons. Avec lucidité. Les  blessures. Et les angoisses. Les manques. Les échecs. Les décisions à prendre. Les doutes qui existent chez chacun d’entre nous. Les mauvais pas commis l’année passée. Les mauvaises décisions, les erreurs qui paraissaient si bonnes au moment où nous les avons prises et que nous voudrions effacer. Pour changer le scénario. Comme si tu croyais encore à la machine à remonter le temps et que la vie n’était un chemin à construire. Et comme si les erreurs ça ne pouvait pas se corriger. Tu penses à tes problèmes de sous, de boss, de client, de collaborateurs. Tu penses à la situation politique et économique.  Aux soucis des amis. Comment va être 2016 ? L’avenir ?

Il est loin ce temps de l’an 2000. Tu étais plus jeune.Un peu ou beaucoup. Tu étais à l’université, au collège ou déjà dans la vie active. Et on fêtait l’avenir comme un plaisir à découvrir. On ouvrait un millénaire magnifique. Plein de progrès prometteurs dans un monde plus unifié une décennie après les chute du mur et de l’apartheid. Un temps où l’on allait en Europe avoir la même monnaie. Unie elle aussi. Le gouvernement de gauche à l’époque faisait reculer le chômage. Et nous étions au bord, après un siècle d’opposition, de faire gagner Lyon avec Gérard Collomb.

15 ans après notre monde est moins certain. Nous avançons, avec notre vécu. Nous avançons avec nos pertes dans ce monde chaotique et si divisé entre les humains que nous en aurions été terrifiés si nous avions su cela à l’orée du millénaire.

Faut-il pleurer 2015 et angoisser 2016 ? Ben non.

Je suis sûr qu’en 2015 vous avez vécu des choses biens. Et plus que vous le pensez.

Moi aussi. J’ai eu un fils. J’ai vécu de superbes moments. J’ai enfin pris des décisions importantes, qui ont bouleversé de nombreuses choses pour aller vers le mieux. Plus modestement j’ai appris beaucoup en savoirs divers. J’ai croisé plein de monde. Reçu et donné beaucoup.

Et puis, si la situation mondiale est incertaine, Lyon se porte bien.

2016 est plein de promesses possibles. Pour moi déjà Parce que j’ai plein de projets et pleins de raisons d’être enthousiaste.  2016 sera ce que j’en ferai. Ce que vous en ferez. Et ce qu’on décidera bien sûr de faire ensemble.

Je te promet que cette année tu auras tes moments tristes et tes échecs. Mais aussi et surtout tes triomphes, tes joies, tes résolutions de soucis. Que ce sera bien. Si tu es d’accord.

Oui ça ne sera pas d’un coup de baguette magique. Et pas tout seul. Mais quand même si tu le décides, ça sera bien. Comme en fait c’était parfois très bien 2015.

Et puis, franchement, le premier janvier est surtout une date symbolique. Que tu le fêtes avec des copains comme moi ce soir ou que tu le fasses à deux, autour d’un temps organisé pour mieux vous connaitre ou vous trouver. Et que l’instant soit parfait ou au contraire des plus ennuyeux en passant par toutes les nuances de l’arc-en-ciel des temps humains. Il en est des réveillons comme des moments de vie. Y’a de tout.

Pensée bien sûr à ceux et celles qui le fêtent involontairement seul(e)s. Puisse ceci ne plus leur survenir. Et des amis nouveaux frapper à leur porte.

Je ne vous souhaite pas une bonne année.

Mais, oui, le premier janvier est un simple symbole. Sans autre valeur que celle-ci. Pour l’un des penseurs politiques les plus brillants du XXe siècle, Antonio Gramsci, c’était carrément une date haïssable. Il avait raison Gramsci et j’essaie moi aussi de faire mien ces principes qu’il énonçait :

Je veux que chaque matin soit pour moi une année nouvelle. Chaque jour je veux faire les comptes avec moi-même, et me renouveler chaque jour. Aucun jour prévu pour le repos. Les pauses je les choisis moi-même, quand je me sens ivre de vie intense et que je veux faire un plongeon dans l’animalité pour en retirer une vigueur nouvelle. Pas de ronds-de-cuir spirituels. Chaque heure de ma vie je la voudrais neuve, fût-ce en la rattachant à celles déjà parcourues.

(Antonio Gramsci, 1er janvier 1916 sur l’Avanti!, édition de Turin, rubrique « Sotto la Mole ») Traduit par Olivier Favier.

Oui, en tant qu’élu ou sous d’autres casquettes  je participerai à de nombreux vœux. Et ce sera sincère quand je vous dirai « Bonne Année » de vive voix ou par carte numérique. Mais je voudrais être plus exact, moins symbolique,  affirmer plus précisément que:

 Je ne vous dit pas bonne année 2016 en fait. Je vous souhaite d’avoir chaque jour une vie intense et belle dans votre existence.