Cannabis : le gouvernement a manqué de libéralisme – Romain Blachier

Le gouvernement a dépénalisé en partie le cannabis ce que n’avaient pas fait ses prédécesseurs. Mais il a manqué ici de libéralisme.

Des gouvernements précédents très frileux sur le cannabis

C’est dans une certaine indifférence que le gouvernement a fait évoluer une loi datant du début des années 70 pénalisant la consommation de cannabis. A l’époque ni le Président de la République ni un grand nombre de députés n’étaient de ce monde. Même si la législation avait fait l’objet de plusieurs retouches, la dernière version législative avait plus de dix ans. La gauche et la droite en alternance n’ont réalité quasiment rien changé sur la pénalisation des consommateurs en plus de 40 ans…

Consommer de la marijuana était puni d’un an d’emprisonnement ou d’une amende pouvant aller jusqu’à 3 750 euros. Une peine en réalité très peu appliquée.

Désormais il n’en coûtera “que” 200 euros si on est attrapé à fumer un pétard et on ira pas en prison. C’est bien évidemment un progrès pour tous ceux, consommateurs ou non, attachés à la liberté individuelle.

Mais derrière un progrès qui a mis en rage tous les conservateurs et réactionnaires de ce pays, Madame Le Pen se plaignant d’une autorisation donnée à tout le monde de fumer de l’herbe, il n’y aura hélas que peu d’avancées en réalité sur le terrain.

Des consommateurs déjà peu poursuivis

Déjà parce qu’en réalité, sauf abus ou provocation manifeste, les consommateurs de cannabis sont rarement poursuivis, cela depuis la Ministre Elisabeth Guigou sous Jospin (qui n’avait pas eu le courage d’inscrire cela dans la loi) même si un passage de Nicolas Sarkozy au Ministère de l’Intérieur avait remis la sévérité sur le table un temps sur le sujet.

Du coup au lieu de se voir simplement réprimandés comme aujourd’hui et de voir leurs substances saisies, les consommateurs risquent de se voir en plus infliger la nouvelle amende, facile à délivrer sans encombrer les tribunaux ni passer par une procédure longue. Une amende dont le montant, 200 euros, est supérieur aux amendes routières de 4e classe, qui pénalise des comportement mettant en danger autrui comme l’alcool au volant ou le non respect d’un feu rouge.

Une dépénalisation réelle mais partielle

De plus la dépénalisation n’est que partielle : le Ministère Public peut encore poursuivre pénalement un consommateur. En 30 ans pourtant et alors que les politiques répressives ont été nombreuses, le nombre de personne déclarant avoir consommé du cannabis a été multiplié par 4…

Ni la question de la vente et de la qualité des produits, ni la question de la liberté, ni la question de la légalisation, qui permettrait de générer de nouvelles richesses et d’assécher le trafic n’ont été abordées. On reproche au gouvernement d’être parfois très libéral. Là, même si il fait mieux que ses prédécesseurs, il ne l’est pas assez.