Le Cameroun est le seul pays d’Afrique Noire a avoir connu une guérilla armée contre la France. C’est un fait fort méconnue et que l’initiative annoncée par le Président de la République française Emmanuel Macron lors de sa rencontre avec son homologue Camerounais Paul Biya va mieux faire connaitre.
Quand j’étais jeune ado et que je vivais dans ce pays, on parlait à voix basse de ce conflit qui avait vu l’UPC (Union des Populations du Cameroun, nationaliste et maoisante, dominée par l’ethnie Bassa mais regroupant des gens de différentes composante du Cameroun) s’affronter avec les autorités françaises puis le gouvernement indépendant camerounais. L’UPC, longtemps interdit, aujourd’hui parti fragmenté et souvent bien différent de sa version de départ, demandait une indépendance radicale du pays et une union des pays du sud.
Il y eu des manifestes enflammés, des armes prises. Un peu d’aide de la Chine (mais vraiment trois fois rien) qui essayait, elle aussi, d’avoir son mot à dire dans une Afrique où là aussi trainaient les grandes puissances et qui ne reussira finalement qu’au Zimbabwe.
Il y eu la répression très féroce dont certains vieux me montraient la trace sur leurs bras noueux des années après. Les villages détruits, les populations dispersées. Par des soldats français et camerounais.
Il y eu son leader Ruben Um Nyobe, qui échappa plusieurs fois à de funestes destins. Un Um Nyobé qui n’est guére connu sous nos contrées. Mais auquel Mongo Béti, cet écrivain camerounais parfois accusé à tort de racisme, avait consacré un de ses ouvrages les plus marquants ‘Remember Ruben ». Un homme considéré comme un héros par bien des camerounais.
Et il y eu tant de gens. De drames. Et de choses à retrouver.