Elmone,Nicolas, Yann , Autheuil et Stef évoquent le référendum décidé par le Premier Ministre Grec sur sa dette . Sur Twitter ça discute ferme et certains y voient même le retour du clivage entre oui et non au TCE. D’autres lui attribuent entièrement la chute de la bourse aujourd’hui, qui avait pourtant débutée hier, bien avant l’annonce du premier ministre grec Papandréou. Gregory, qui parlait de réussite franco-allemande sur cet accord me signale que Sarkozy s’est déclaré consterné par cette décision. Un nouvel échec dans l’action du Président. On aurait tort au premier regard de s’en réjouir: l’avenir est incertain et Papandréou, dans une décision nationale après avoir fait appel à l’Europe, a ici manqué de loyauté. Mais pas de sens politique.
Pourtant l’idée d’un référendum n’est pas absurde au premier abord: En premier lieu sur le plan démocratique: Papandréou et les socialistes grecs se sont fait élire sur un programme qui promettait plus de solidarité et moins d’inégalités devant l’éducation, l’accés à l’activité économique et la santé. Il se retrouve à cause d’une énorme dette maquillée par ses prédécesseurs de droite, à devoir faire l’inverse. Certes la Nouvelle Démocratie n’est pas la seule responsable, comme l’a dit tout à l’heure Authueil, l’ex premier Ministre de gauche Simitis ayant aussi pris une part , moindre, à ce maquillage. Et puis surtout, gauche et droite confondues c’est avant tout la mentalité locale vis à vis des impôts et institutions et responsabilités collectives ainsi qu’un fort goût pour les budgets militaires démesurés qui est à blâmer. Du coup faire un référendum sur les changements de cap politiques nécessaires serait logique. On pourrait craindre que les électeurs grecs fassent dans l’anti-gouvernemental primaire devant la crise et ne répondent pas à la question réllement mais ce serait oublier que les dernières municipales ont été remportées par le parti au pouvoir pendant les mesures d’austérité…Mais ce référendum survient surement trop tard pour être rationnel, tant la situation politique et sociale grecque est dégradée.
Autre raison plaidant pour un référundum, c’est la possibilité pour Papandréou de se doter d’armes politiques. Sur le plan intérieur pour amener la droite locale à l’union nationale devant la crise, elle qui l’a toujours refusée, amenant d’ailleurs à une scission chez les conservateurs les moins sectaires. Devant les grecs aussi, pour se poser à la fois en gestionnaire courageux d’une crise de dette dont il a hérité et qui leur donne enfin la parole, même tardivement. Sur le plan international ensuite: La perspective d’un référendum très incertain pourrait amener les banques et les Etats à plus de souplesse encore en échange d’un retrait. Utiliser les même armes que les financiers dit Stef. L’hypothèse est crédible: on ne voit donc pas comment la Grèce va pouvoir vivre d’ici à ce référendum, s’il a lieu. Surtout que le budget grec sur les armées reste pesant…
A moins que Papandréou, las de devoir gérer une situation explosive, trouve ici un moyen de tirer sa révérence ?
L’hypothèse d’un tel référendum quel que soit son issue n’est en tout cas pas une bonne nouvelle pour l’Europe actuelle. D’abord parce que un tel scrutin suspend donc de fait les aides du plan, mettant la zone euros dans des sables incertains.C’est tout le plan décidé à Bruxelles qui s’effondre : comment imaginer que les banques internationales vont accepter d’effacer 50 % de leurs créances si les Grecs décident de faire défaut ? Comment imaginer que le parlement allemand va voter l’octroi d’aide supplémentaire à ce pays ?
Mais elle peut être un espoir européen paradoxalement: en montrant le danger que des politiques nationales irresponsables peuvent faire peser sur l’Union Européenne, elle peut amener les Européens à réfléchir à plus de rationalité et d’intelligence dans l’émission de la monnaie et des prêts. Elle peut aussi nous pousser à faire enfin le choix d’une Europe Fédérale et démocratique, dans lequel les dirigeants seraient élus au niveau européen par des européens pour prendre des décisions européennes. Avec un vrai pouvoir politique européen et non de simples décisions interétatiques laissant la seule part belle au financier.
Billet repris par le site du journal économique La Tribune