Quand le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt
La Rochelle et son deuxième tour de législatives est partout, dans tous les sens.On n’évoque plus dans les écrans et les papiers que cela depuis hier: Ségolène Royal risque d’être battue par le socialiste dissident Olivier Falorni. Et la première dame de tweeter son soutien à ce dernier.
Du coup Libération fait deux unes consécutives dessus. Peut-être trois quand on sera vendredi. Je recommençais à me demander si je n’allais pas me réabonner. Je vais peut-être encore attendre. Je suis sûr que le public de la conférence sur l’homoparentalité à laquelle j’intervenais ce soir et qui attendent beaucoup du Président en seront d’accord. Ou les handicapés dont l’allocation se situe sous le seuil de pauvreté.
Tribune de Lyon de son côté m’a demandé mon avis sur le tweet de la compagne de François Hollande que j’ai décliné sur le thème « Bien sûr qu’elle a le droit de s’exprimer. Mais son avis ne devrait pas avoir plus d’importance qu’un autre vu qu’elle n’a pas plus de légitimité qu’une autre. Mais il est vrai qu’il y a ambiguïté sur le poids de sa parole à partir du moment où elle a un bureau dédié à l’Elysée. Bernadette Chirac a clairement choisi de faire de la politique en se faisant élire, Danielle Mitterrand avait sa fondation et des positions divergentes parfois de son mari via des activités bien distinctes de la présidence. Tiens je viens de voir qu’Olympe tenait un propos assez proche.
Quand à l’affaire sur le fond, si je suis partisan du libre choix des électeurs et de la légitimité des urnes comme je le disais hier, si les attaques de certains partisans de Ségolène Royal sur Twitter vis à vis de Falorni sont fatigantes, je n’oublie pas que la présidente de Poitou-Charente n’a été parachutée à la Rochelle que parce qu’elle avait librement choisi de laisser sa circonscription d’origine qu’elle avait remportée à la droite à une autre pour ne pas cumuler ses mandats.
Ségolène Royal s’est ainsi retrouvée embringuée dans cette histoire ridicule de circonscriptions réservées, transformée en arbre pour cacher la forêt de divers proches de Martine Aubry à commencer par Christophe Borgel, parachutés sans vote militant dans des circonscriptions où un ornithorynque à poil dur peut être élu, tant qu’il est tamponné du poing et la rose. Une telle situation peut provoquer et provoque la dissidence et Ségolène n’aurait pas du rentrer dans ce jeu d’imposition ou demander des garanties. Olivier Falorni se retrouve lui, objet du soutien de la droite qui veut tenter d’utiliser cet homme de gauche pour distraire l’attention.
Oui l’enjeu est là: distraire l’attention. Le véritable arbre qui cache la forêt c’est l’ensemble de cette histoire: alors que le FN et l’UMP s’unissent de plus en plus, à commencer par Madame Morano, alors que les débuts du Président et du gouvernement se passent bien, alors que nous remportons des succès massifs dans ces législatives, on ne parle plus que de Rochelle et d’ex et d’actuelles du Président.
Une aubaine pour une droite qui ne dit plus rien de son projet de société et s’accroche aux anecdotes. Un poison en temps médiatique, qui s’accroche au spectacle: dimanche, alors que dans tous les territoires de France des socialistes auront gagné, on ne verra en temps médiatique que le résultat de La Rochelle. Oubliant le plus important: les espoirs et les besoins de réforme. Bref la politique.