2012 janvier | romainblachier.fr – Part 2

On trouvera ci-dessous ou en lien ici  le vrai discours de François Hollande au meeting du Bourget de cet après-midi. Et la une synthése des propositions qui ont été faites ce jour dans un discours, de l’avis général d’une grande réussite, et présidentiel. Il n’était qu’à voir d’ailleurs sur Twitter les critiques des militants et sympathisants des différents partis de droite, de l’extrême-droite et de l’extrême-gauche ne cesser de tenter de changer d’angle d’attaque pour s’en sortir.

 Le programme précis sera officiellement présenté jeudi. Chiffré, pensé, évalué. Dans le commerce et l’entreprise, sujets qui me sont chers, dans l’énergie, la décentralisation, l’Europe etc… .

Artisans, entrepreneurs, salariés, artistes, les propositions ont été effectuées avec des acteurs de terrains, de ceux qui agissent, font, créent, façonnent la France.Et aussi avec  ceux, laissés pour l’instant sur la route, qui aimeraient, eux aussi, apporter leur pierre à l’édifice de notre pays. Fiscalement il faudra répondre à quelques interrogations, par exemple le nouveau taux supérieur de l’impôt sur le revenu sera-t-il ensuite cumulé à une fusion avec la CSG ? Jeudi, notez la date!

Chez les blogueurs chacun retiendra ce qui lui plait le plus, de même sur les réseaux sociaux, comme ailleurs.Je voyais l’une retenir plutôt le combat contre les abus de la grande finance, l’autre les passages contre la délinquance, d’autres la France tout simplement.

A moi donc.

Ce qui m’a le plus parlé c’est  un ton véritablement présidentiel, un souffle qu’on attendait peut-être pas si épique il y a seulement quelques mois chez le candidat, une envie de France et de construire son histoire.

Et puis une envie réformiste, désireuse de changer des choses mais en refusant la démagogie. Sur Hadopi par exemple, loi inapplicable qui flique les consommateurs tout en ne reversant pas un euro aux créateurs, il ne s’agira visiblement pas, dans le programme à paraitre jeudi, de seulement supprimer ce dispositif nuisible, ce qui serait facile à dire et un peu court, mais aussi de penser à autre chose pour que les artistes et les internautes trouvent leur compte.

Sur le fond, la position sociale et environnnementale de créer une tarification différentes, moins élevée pour les usages de l’énergie et de l’eau lorsqu’ils s’appliquent à la vie courante par rapport aux usages autres est de nature à la fois à cesser de pénaliser les français les plus démunis, d’autre part, sans pénaliser la production, à signifier la valeur de nos ressources. Il n’était pas normal que celui qui boive un verre d’eau paye son litre autant que l’entreprise ou le Conseil Général qui arrose un jardin à longueur de journée.

La distinction éthique entre l’égalité des chances d’un côté et la solidarité, valeurs positives et l’assistanat, négative, si elle n’est pas nouvelle, est très intéressante également dans le sens où elle vise à mettre fin à l’accusation sempiternelle de la droite comme quoi les aides sociales sont nuisibles alors que, ancien RMIste, je sais qu’elles servent surtout à survivre avant de tenter de retrouver le chemin du travail. Elle devrait aussi entrainer des politiques permettant d’inciter fortement les chomeurs à reprendre un emploi si il en existe des disponibles sur le marché du travail. Une possibilité d’avoir un vrai programme pour les plus démunis leur permettant de se former et se s’en sortir.

Le fond d’incitations aux PME est lui aussi une excellente chose. J’en avait déjà parlé ici. Levier pour la croissance économique de notre pays, il nous permettra aussi sans doute de contribuer à la création de nouvelles entreprises de tailles intermédiaires, qui font la richesse des exportations de nos amis allemands.

Enfin, comment, en pleine période d’effondrement de l’idée européenne, ne pas saluer l’envie de la relance d’une Europe de la croissance via l’élaboration d’un nouveau traité franco-allemand à l’horizon de Janvier 2013 là où d’autres se réfugient dans les vieilles chiméres de l’isolationnisme.

Je suis extrêmement déçu de ne pas pouvoir, pour des raisons diverses, me rendre ce jour au meeting du Bourget pour rejoindre mes camarades du PS du Rhône et écouter François Hollande.

 Nombre de blogueurs comme Sarkofrance, Gilles Saulière,  Jegoun, Seb Musset, David Burlot, Romain Pigenel, Ronald, Louis Lepioufle et d’autres vous raconteront tout cela et il est bien sûr possible de suivre cela en direct. Il parait qu’avant même d’écouter le discours, Hortefeux aurait préparé un document dénommé le vrai discours de François Hollande. La mauvaise foi n’a pas de limite.

La fermeture du site Megaupload marque-t-elle la fin d’une période d’abondance dans la consommation des séries télés ? En est-il terminé de nos nouvelles habitudes prises en matière de consommation de séries ?

Il est 14h en ce mois de Janvier 1990 à Douala, au Cameroun. J’ai 13 ans et les rues de la capitale économique sont vides: il s’agit en effet de ne pas rater la diffusion de la série Dynastie sur les écrans de la télévision nationale. En l’absence de rediffusion, l’amateur des romances de Denver n’avait d’autre choix que de se faire raconter l’histoire du jour par ses amis en cas de rendez-vous manqué avec l’étrange lucarne.

Janvier 2012, un peu plus de vingt ans plus tard, il est aux alentours de 22h lorsque j’apprends la fermeture de megaupload, géant de la mise à disposition de fichiers sur le net. Le site, issu d’une entreprise pour le moins opaque,  est notamment utilisé par les amateurs de séries pour visionner gratuitement, ou pour pas cher, les oeuvres de leur goût. A toute heure et librement. De quoi passer des nuits blanches devant une cascade d’épisodes de The Wire ou ne pas rater The New Girl quelques heures à peine après sa diffusion aux USA.

La fin d’une époque ? Les sites de streaming ont induit toute une culture autour de la série, toute une densité, toute une passion. Certes, cet engouement,  existait avant internet cette passion. Mon exemple sur Dynastie au Cameroun l’illustre. Mais c’est sur la toile, avec cette abondance, qu’elle a explosé, qu’elle s’est insérée aussi absolument dans le quotidien et le mode de vie. Il n’est qu’a voir les discussions passionnées et les nombreux sites de fans qui poussent de partout et surtout les yeux fatigués des aficionados lorsqu’ils découvrent une nouvelle saga fascinante auto-injéctée à doses de mammouth. La presse a embrayé, à l’exemple des Inrocks, qui débattent, conseillent ou déconseillent des séries souvent impossibles à regarder par le canal de la diffusion légale en France.

Certes il existe d’autres technologies pour se procurer sa dose indispensable d’How I Met your Mother ou Desperate Houseviwes comme le Peer to Peer. Mais, outre la possibilité de se faire attraper et gourmander par Hadopi, ce système demande parfois une longue recherche pour trouver le bon fichier.

Certes, également il existe encore des alternatives à Megaupload, basées sur le même modéle, comme VideoBB ou Mixturevideo. Mais pour combien de temps après cette dissuasive arrestation?

Es-ce la fin d’une période où il était possible de voir les toutes dernières séries sorties aux US, quelques heures après leur diffusion sur HBO? Es-ce la fin d’un modèle d’abondance pour le consommateur, certes souvent au détriment du producteur? L’abondance est-elle terminée ?

Pas forcément. Déjà le web possède une capacité constante à évoluer et à inventer de nouveaux outils pour satisfaire les besoins et les demandes de ses utilisateurs. De nouveaux systèmes de diffusion émergent sans cesse. Des entreprises protégées encore davantage se créent. Et puis, info ou intox, Megaupload lui-même semble tenter de renaitre de ses cendres.

Enfin, il n’est pas interdit de rêver, l’offre légale  va peut-être aussi s’améliorer un peu en proposant davantage de choix, plus rapidement, à des prix accessibles. Elle le fait déjà, lentement, en proposant par exemple bien plus rapidement de voir les nouveautés en ligne. Il va falloir accélerer un peu. Il en va de l’intérêt des diffuseurs et ayants-droits et de celui des consommateurs également. A moins que ces derniers ne trouvent d’autres occupations que de regarder Dexter

Billet repris sur le site de l’hebdomadaire Marianne

Chaque année, le Progrès nous gratifie d’un marronnier aussi prévisible que les dossiers sur les Francs-Maçons dans l’Express ou l’immobilier à Paris XVIe dans Valeurs Actuelles: le classement des conseillers du Grand Lyon.

 Pour les peu aux faits de nos institutions locales, chacune des 58 communes appartenant à l’institution envoie un certain nombre de ses élus au conseil de la communauté urbaine de Lyon (Grand Lyon). Ces conseillers décident notamment des grands dossiers dans un nombre de domaines conséquents comme le développement économique, le rayonnement international, l’habitat social, les services d’intérêt collectif (eau, assainissement…).

Cette institution plutôt âgée en moyenne comprend  156 élus et 40 vice-présidents . Nombre d’entre eux, à l’image du président de l’institution, Gérard Collomb, de  Jean-Louis Touraine ou mon copain Jeff Ariagno côté socialiste ou le Maire de droite du second, Denis Broliquier, sont toujours présents. Nombre d’autres n’ont qu’une ou deux absences.

Pour une quinzaine d’entre eux par contre le problème est plus épineux. Le Maire PG (et non PCF comme écrit dans le Progrès, parti qu’il a quitté depuis longtemps ) de Grigny, n’a assisté qu’à  une minorité de conseils. Les records respectifs partis par partis, outre le communiste précité, sont côté socialiste Nathalie Perrin-Gilbert, côté UMP François Turcas, côté centriste François Vurpas ou côté communistes Jacky Albrand et Roland Le Bouhard .Ces cinq élus n’assistent qu’à une séance sur deux.

Certes dans nombre de mandats électif, la présence au conseil n’est qu’un critère parmis d’autres: une Adjointe à la propreté ou aux sports réussi d’abord son mandat si les dossiers qu’ils avancent pour leur commune progressent et satisfont l’intérêt général, pas forcément sur sa seule présence au conseil.

Mais, le mandat à la communauté urbaine est particulier,souvent moins opérationnel. Hors du cas des vice-présidents, la fonction principale des conseillers du grand lyon est de débattre de l’avenir de la métropole. Certes en  plus de la séance du conseil il peut y avoir les commissions mais, pour résumer l’essentiel du travail pour lequel est indemnisé un conseiller (1064 euros) est donc celui-ci : se pencher sur les problèmes du Grand Lyon et en discuter en plénière. Et donc être présent.

Les raisons avancées par certains de manque de temps pour s’y rendre existent chez certains, moins chez d’autres qui n’exercent aucune activité en plus de leur mandat d’élu. Mais quoi qu’il en soit  personne n’est obligé de siéger au Grand Lyon. Si comme ils le disent  par ils n’ont pas le temps de se rendre au Grand Lyon, pourquoi ne  pas démissionner  pour laisser un élu souhaitant se rendre disponible  ?  Tant les communes que l’institution et la démocratie locale y gagneraient…

Non ce blog n’a pas viré sa cuti. Il se trouve juste qu’après mon copain Simon, c’est ma copine Nelly Morisot, que j’avais déjà interviewée sur ce blog il y a quelques années, qui m’a envoyé une tribune. Ancienne assistante parlementaire de Laurent Fabius, responsable des réseaux Montebourg sur la Haute-Savoie, elle sort bientôt un ouvrage coécrit avec un autre réac de gauche, Renaud Chenu, sur les relations franco-allemandes. Mais elle a aussi beaucoup de qualités. Par exemple elle est protestante. Et auteure de superbes week-ends. Bonne lecture.

Toute campagne électorale réserve son lot de ratés : la phrase qui ne devait pas sortir, le off qui devait vraiment rester off, la stratégie marketing aux ficelles trop peu discrètes rapidement déconstruite par l’opposant et les médias trop friands de ce genre de déconvenues. Bref, la boulette.

Mais boulette n’est pas défaite. Dans un système informationnel où ce qui importe est de créer le buzz, de faire parler de soi, la petite phrase mesquine, méprisante ou en-dessous de la ceinture peut par exemple devenir une arme de diffusion massive permettant à l’outrecuidant de se hisser vers les meilleures places d’un baromètre politique très sensible à ce genre de turbulences. Un prix de l’humour politique récompense d’ailleurs désormais les plus créatifs de nos responsables. Cette tolérance au dérapage plus ou moins contrôlé a toutefois des limites.

Aussi forte que puisse être aujourd’hui la tendance au zapping de l’électeur ou du consommateur moyen, il n’en reste pas moins que la construction d’une image cohérente reste le préalable à tout succès électoral. C’est tout l’enjeu pour le candidat socialiste à la présidentielle de 2012, dont la campagne connait depuis quelques semaines un certain nombre de ces cafouillages. Réforme des retraites, révolution fiscale, quotient familial, toutes ces questions ont, dans l’ordre, fait l’objet de déclarations, contre-déclarations et mises au point par le candidat et/ou ses conseillers proches.

Il est encore temps de retrouver le cap, mais il n’est pas certain que la dernière trouvaille des stratèges de la campagne soit une idée lumineuse.

L’arme secrète, la bombe nucléaire que de valeureux kamikazes s’apprêtent à aller lâcher sur les poches de résistance ennemies, c’est un méritant camarade, spécialiste de l’histoire du socialisme : Alain Bergounioux, connu pour être l’un des derniers gardiens du courant rocardien. Cet éminent camarade a été chargé la semaine dernière par Martine Aubry de coordonner une « cellule de réflexion et de riposte » anti-FN. Une mesure qui a fait l’objet d’une annonce en grande pompe, avec des déclarations aussi constructives que « Le FN est un danger » (Harlem Désir) ou « il faut démystifier le programme de ce parti » (Alain Bergounioux). On imagine déjà Marine Le Pen tremblant dans ses chaumières à l’annonce de cette mobilisation des troupes adverses.

La question qui se pose ici n’est évidemment pas de savoir si la rhétorique sous-tendant les discours de l’héritière Le Pen et les réseaux soutenant tant bien que mal le parti historique du père sont dangereux. Il est évident que l’idéologie-FN n’a pas disparu avec le « coup de jeune » que sa nouvelle présidente lui a offerte, avec une efficacité d’ailleurs incontestable. De même, si les groupuscules extrémistes gravitant autour de la galaxie Front national ont été gentiment priés de se faire discrets, ils restent partie prenante dans la destinée politique du parti.

Non, comme la vérité, le problème est ailleurs. Le premier souci, c’est que dans un contexte de radicalisation générale des droites, et notamment de la droite française, isoler ainsi le FN met le PS dans une situation proche de la schizophrénie aigüe. Lui qui répète à longueur d’année, et avec raison, que l’UMP et ses principaux responsables hésitent de moins en moins à se baigner dans l’extrémisme de droite, se retrouve à appeler à voter pour eux par « réflexe républicain » (entre guillemets et avec des pincettes) dès qu’un candidat frontiste se retrouve dans un second tour non triangulaire.

Au lieu de dégainer à quelques mois du scrutin un gadget ad hoc, les socialistes auraient dû réfléchir depuis longtemps à la posture à tenir dans le cadre de cette situation nouvelle à droite, d’autant que les contributions scientifiques sur ce sujet ne manquent pas. Las ! On se contentera pour le moment de crier au loup. Jusqu’à la prochaine fois. Le second problème est sans doute bien plus épineux. Le PS prend le problème du Front national à l’envers. En se limitant à répéter que le FN est extrémiste – le Français qui l’ignore doit sans doute avoir passé ces 20 dernières années dans le désert de Gobi – il ferait mieux de se demander pourquoi Marine Le Pen est désormais favorite pour se placer en tête du premier tour.

Evidemment, on peut décider de se rapprocher mine de rien du « gros cons » que Sophia Aram, l’inénarrable chroniqueuse – comique dit-on – de France Inter envoyait il y a quelques mois à l’attention des électeurs de ce même FN. Il ne faudra pas, dans ce cas, s’étonner si les mêmes électeurs nous répondent par un bras d’honneur le 22 avril. Les études récentes montrent bien que les citoyens qui s’emparent désormais du bulletin FN de manière régulière sont bien loin de la caricature du beauf semi-alcoolique à forte inclinaison anti-bougnoules. Les nouveaux électeurs FN sont souvent des jeunes vivant dans des zones périphériques, subissant le déclassement social de leurs parents et n’imaginant pas de vivre une trajectoire différente.

En outre, de plus en plus de citoyens éclairés, structurés, parfois même de gauche, s’emparent du bulletin FN par pure contestation de l’offre politique traditionnelle, dans un pays où le vote blanc n’est pas comptabilisé. Autrement dit, la meilleure réplique au Front national ne réside pas dans une dénonciation qui, aussi intelligente qu’elle soit, ne peut qu’être stérile. Elle réside dans la crédibilité de l’opposition de gauche, qui doit prouver que c’est elle, la force de contestation. Une opposition qui cesse de se nier elle-même . Une opposition qui comprend que si l’anti-sarkozysme est sans doute un humanisme, il ne saurait constituer un programme en soi.

Allons, messieurs les stratèges, il est encore temps de se reprendre ! Marine Le Pen gagne des points parce qu’elle parle – très mal – de social, alors parlez-en, bien ! Marine Le Pen gagne des points parce qu’elle parle – mal – de protectionnisme, alors parlez-en, bien ! Marine Le Pen gagne des points parce qu’elle n’hésite pas à poser la question du fonctionnement de l’Union européenne et de sa monnaie (encore pour un temps) unique, alors saisissez-vous du sujet ! De grâce, ne laissez pas la gauche aller dans le mur alors qu’elle se trouve face à un boulevard. Il est temps. Plus pour longtemps.

Nellie Morisot

Une ancienne publicité du non moins ancien Zaire, kitsch et entrainante pour la marque Jubilee, elle aussi défunte que les poumons de nombreux de ses clients. Une histoire de morts quoi. Quand on vous disait que fumer est dangereux pour la santé…

A la suite de mon billet précédent, j’avais réussi à faire sortir ma femme de la salle de bain. Oh, j’avais dû montrer patte blanche, montrer mon caractère irréductiblement réformiste et social-traitre, loin de l’extrémisme que me prêtait donc Lyon Mag. J’ai récité quelques passages de « La guerre sans l’aimer  » de BHL et de « Si la France s’éveillait » de Gérard Collomb puis exhiber les dédicaces de leurs auteurs avec mon nom dessus.

 C’est au moment où j’allais quérir quelque Rosanvallon ou puiser, avec Alain Minc, dans le côté franchement obscur de la force, qu’elle a trouvé que je commençais à en faire trop.Elle a ouvert la porte. Rassurée.

Et puis quand même, y’allait avoir Ruquier à la télé et l’hôtel a réserver pour un week-end à Londres, offert pour son anniversaire. Londres, ville où nous prendrons sans doute aussi un verre avec mon amie Virginie, salariée de l’ONG Standard and Poor’s. Une autre dangereuse gauchiste.J’espère que c’est elle qui paiera au pub. Moi je viens quand même d’un pays à qui la Chine est obligé d’envoyer des pandas en guise d’aide humanitaire alors me payer une biére vers Brick Lane va devenir bientôt au-dessus de mes moyens.

J’étais en train, en ce dimanche que fait le Seigneur, de me remettre de mes émotions après mon passage par l’extrêmisme et une nuit à soutenir le commerce de  de Lyon 7 au Blogg et à l’AKGB. A cet effet je regardais Marine Le Pen se ridiculiser à la télévision tout en pensant au décès de Rosy Varte quand la réponse de Lyon Mag est arrivée sur ma boite mail gérée par un géant mondial de la recherche en ligne dont le nom m’est interdit ici à moins qu’il décide de m’acheter un peu d’espace publicitaire à prix d’or.

Le mail, bien tourné signé de Benjamin Solly, le rédac chef (qui m’autorisait notamment à publier sa réponse) était arrivé pour lever tout doute au sujet de mon extrêmisme caché. Ouf.

 » Cher Romain,

Quelle ne fut pas ma surprise en prenant connaissance de ton excellent billet (et grinçant juste ce qu’il faut), ce matin en me levant. J’avais également auprès de moi mon épouse. La regardant fixement finir sa nuit, voire commencer sa grasse matinée, je me disais : « que penserait-elle de moi si, lui disant être allé couvrir des manifestations la veille, elle me retrouvait finalement brocardé comme part active du cortège et savamment pastiché, pour entretenir le doute

? »

Car à Lyon Mag, nous sommes avant tout pour la paix des ménages.

J’imagine sans mal le vaudeville qui s’est noué place Jean Macé hier soir. Tu en as été la victime. Salle de bain – Acte 1- Scène 1. « Tu me disais être allé soutenir l’antifascisme, et te voilà catalogué comme extrémiste de gauche, tu te fous de moi ? » D’un coup de plume, tu serais donc passé du Bisounours au Monstroplante ? Grand dieu non ! L’image est bien trop grossière, tout comme ceux qui combattent l’extrême-droite ne sont pas tous des extrémiste des gauches. « Pourquoi alors te retrouve-je cité dans un compte-rendu titré ‘Manifestations des ‘extrêmes.’» La question est légitime car les mots ont un sens, que l’histoire à parfois tendance à figer pour appuyer

sur les dichotomies idéologiques.

Car dans le paradigme républicain, l’extrême-droite est à la bordure du cercle, en équilibre instable. Certes, la maison-mère tente de toiletter sa devanture pour rejoindre les fréquentables de la République. Mais du côté des franchisés, qui défilaient hier à Lyon, on ne s’encombre pas de cette patente. On la rejette même en bloc. De l’autre côté, mais également au coeur du cercle républicain, nichent les antifascistes.  La thématique est large et rassemble tout autant. La preuve, le collectif s’élançant de Gabriel Péri samedi réunissait des associations de défense de droits de l’homme, des associations de lutte contre le racisme, mais également des partis politiques. Des nombreux élus étaient également présents. Peut-on les targuer d’être des extrémistes de gauche ? Certainement pas. Représentent-ils l’extrême inverse des beuglards de Saint-Jean ?

Certainement.

Mme Blachier, pardonnez-nous alors cette formule mal interprétée de « Manifestations des ‘extrêmes’. » Nous n’entendions pas par là, qu’en réponse à la manifestation de Jeunesses Nationalistes, les antifascistes allaient remettre le schlass entre les incisives, et que les 1 100 manifestants du cortège étaient tous de prosélytes staliniens. Nous avions en plus été briefés l’avant-veille par Jean-Louis Touraine himself. « Attention, ce ne sont pas deux extrêmes qui s’affrontent samedi, nous avait-il dit. Ce sont les extrémistes

contre les humanistes. » Leçon retenue Mr le 1er adjoint, promis !

Nous avons plutôt voulu pointer deux extrémités opposées de la conception du politique, où chacun défend son pré carré, cortège contre cortège. Chaque entité étant finalement le repoussoir de l’autre. En deux mots, son « extrême » opposé. Nous aurions pu titrer «le défilé des contraires», «l’antinomie politique faite cortège(s)», ou «les manifestations des opposés.» Nous ne l’avons pas fait. Mme Blachier, sachez que votre mari n’est pas pour autant le pendant de la

bête immonde.

Cher Romain, merci de nous lire. Tu trouves que nous penchons trop à droite ? Qu’à cela ne tienne, nous serions très heureux de te compter parmi nos contributeurs. Allez, chiche, c’est toi qui signera l’édito du 23 janvier ! Si tu en acceptes l’augure évidemment. Pour enterrer

définitivement la salle de bains de la discorde.

Cordialement,

LyonMag.com « 

Benjamin, Je partage avec toi une certaine fascination pour les monstroplantes, qui me mettaient en retard pour aller en cours d’histoire en 6B lematin et un certain goût pour le tutoiement spontané.

Content donc que nous (point de schizophrénie rassure-toi juste que je n’étais pas tout seul de la contre-manif à lire ton site d’information) ne soyons point des extrêmistes chez les manifestants de la place du Pont.

 Si tu avais davantage écouté Jean-Louis Touraine (il faut écouter Jean-Louis Touraine sauf lorsque ses discours trainent en longueur, ce qui, chacun le sait, n’arrive jamais) le titre de l’article aurait certainement été moins ambigu et j’aurais pu me laver les dents un peu avant. Mais je ne t’en veux pas: d’une part en cherchant mon ouvrage de BHL, je suis retombé sur le très utile « Comment faire des conserves » de Ginette Mathiot que j’avais acheté un jour de 1997 où l’on m’avait fourgué une carte France Loisirs.

D’autre part j’ai pu faire croire à mes potes que j’étais un vrai type de gauche pendant quelques heures. Rare plaisir tu imagines. Enfin tu me prends par les sentiments: l’écriture et surtout mon incommensurable égo à faire passer Azouz Begag pour un type modeste . Ok je ferai ma page d’écriture avec plaisir sur ton site plutôt de droite.

Après tout en tant que nouvel extrèmiste, il faut que j’applique les techniques d’entrisme chères au troskysme sauce Lionel Jospin,  que je sois quelque part et en toute modestie (je t’ai prévenu) une sorte de Victor Hugo chez Chateaubriand, un Sartre chez Aron du web lyonnais.

Mais, cet écrit, je le ferais à une condition: que nous allions manger dans une brasserie populaire comme le dirait Estrosi. Après tout j’ai un brevet d’honorabilité à refaire et je préfère la fourchette à la main au couteau entre les dents . Bien à toi