J’ai parfois l’impression d’être revenu à l’été 2002 en ce qui concerne la vie du PS:Les couteaux s’aiguisent, la recomposition des lignes se fait (quelque peu rapidement pour certains), on lance des appels ,on s’autocritique pour mieux rebondir, on part des instances (ah non,pardon, y avait pas ça y’a 5 ans!) ou on lance des appels, chose qui me fait penser que la rubrique Rebond de Libé possède un bel avenir pour les désirs de positionnement des différentes sensibilités de la famille socialiste.
Bref si les dégâts ont été limités au niveau du parlement, si les municipales devraient tempérer les ardeurs des plus belliqueux, les luttes intestines risquent de prendre à nouveau beaucoup de place dans l’agenda socialiste.
Dans ce climat, à titre personnel, il me semble que la décision de garder le calendrier du congrès du parti était bonne.
En premier lieu parce que j’en ai ras la casquette d’avoir tout les ans des échéances internes qui se transforment en luttes fratricides et en guerre de positionnement pour cacher d’autres ambitions,ensuite par souci d’efficacité en ce qui concerne le rassemblement nécessaire à un peu de sérénité dans une gauche traumatisée par ses échecs pour préparer des élections municipales qui n’ont de chance de bien se passer pour les amis de Sarkozy que si nous sommes divisés.
Ensuite, parce qu’avancer la date nous aurait amené à un combat de personnes et à des chasses aux sorcières.Oui, certes, le calendrier proposé par Hollande est insuffisant mais c’est à nous de l’améliorer.
Nous devons prendre le temps de réfléchir à ce qui nous fait, ce qui est notre matière, nos raisons et nos moyens d’actions, ne plus partir la fleur au fusil pour un « changement historique » dans la ligne du parti (dixit François Hollande) pour finir dans une synthèse certes rassurante et sympathique mais qui ne règle aucun problème de fond.
Parmi les différentes options présentes au PS, j’ai toujours eu une affection pour celles qui incarnaient une envie d’Europe poussée jusqu’à un désir de nation européenne , un internationalisme concret, une vision de l’économie dynamique, libre mais solidaire, une éducation nationale basée sur la pédagogie plus que sur la leçon pure, une France libérant les différents visages de ses territoires, une laïcité forte et ouverte, un rôle accru pour l’économie sociale et solidaire…stop l’énumération prendrait le jour.
Ce sont les valeurs plus que des personnes (les hystéries de fan-club me font peur) qui guident ce qui fait sens à des options politiques.
Bien sur, il faut pour porter les choix, les envies, des portes-étendards, des penseurs et des tribuns.Il faut, pour partager un peu ces idées, des lieux et des structures.
Même si ils n’étaient pas les détenteurs exclusifs de mes orientations, j’ai ainsi trouvé chez Rocard puis DSK et dans la sensibilité « Socialisme et Démocratie » une réponse, partielle certes, mais une réponse quand même à presque toutes ces envies.
Localement ce sont aussi nombres d’hommes et de femmes localement qui participent à la construction d’une sociale-démocratie à la française, avec qui les choses bouillonnent parfois mais se retrouvent sur l’essentiel.Cet essentiel justement, que contrairement à ce que voudraient nous faire certains, n’est pas exclusif d’un courant, d’une famille politique au sein du parti.N’oublions jamais que nous serons, sur l’ensemble, davantage d’accord entre nous qu’en dissensions.
Ainsi je n’ai jamais prisé la chasse au Fabius pronée par certains, ai trouvé fort intelligente et tentante la démarche de Franck Pupunat et de ses amis d’Utopia,ai toujours trouvé, malgré de nombreux reproches que je pourrais lui faire, que Lionel Jospin était un acteur majeur du socialisme,que le NPS était (parfois) pertinent sur la gérontocratie dans le PS, que la campagne (de deuxième tour) de Ségolène Royal portait des germes de rénovation ou que les idées en matière d’institutions d’Arnaud Montebourg en matière institutionnelles méritaient d’adhérer, comme je l’ai fait au début, aux aubes de création de la Convention pour la Sixième République.Il y a tant de maisons qui veulent construire un monde plus juste…
Mais là où est la concentration, l’envie qui m’était donnée ou plutot la synthèse de ces attentes se trouvait autour de Socialisme et Démocratie, autour des amis de DSK.
La présidence du FMI qui se profile pour lui nous ouvre un temps d’interrogations.
Si il est élu, et la chose semble probable, plusieurs questions (au moins deux) viennent à mon esprit.
La première est:Quelle politique pour le FMI? Si les alters les moins conséquents plaident pour une suppression de ces institutions, force est de constater que ceci amènerait à moins de régulation.Beaucoup d’ONGs demandent au contraire une réforme de ces instances que sont le groupe de la Banque Mondiale et le FMI.
On se donne pas assez conscience, au-delà des rejets que suscitent ces institutions dans certains milieux, du poids formidable pour une mondialisation plus équitable que donneraient ces organismes si ils étaient orientés différemment.Ainsi les critères de prêts et de remboursements pourraient penser plus au long terme, aux droits sociaux et au développement durable.DSK peut rater mais surtout peut être l’artisan de cela.Comme le disait un rappeur pré-bobo:
« J’aime la politique quand elle a assez de vocation pour lutter contre les processus qui mènent à l’élimination… » (MC Solaar – La concubine de l’hémoglobine)
La seconde est au niveau de notre planète, moins importante mais cruciale pour le PS. Franco-française, socialo-socialiste est certes la question mais quid de la sociale-démocratie au sein du parti?
Je n’ai jamais été partisan de l’incarnation politique, du sauveur (ou de la sauveuse comme certains s’y sont adonnés il y pas si longtemps) suprême mais les institutions de la Ve république forcent,hélas,trop souvent à cela.
Socialisme et Démocratie s’est organisé,a des instances, peut réfléchir, n’a pas forcément besoin de penser en termes de présidentiables ou de personnes.Les idées et les personnes qui s’y trouvent n’ont pas à être jetées avec l’eau du FMI.La chose est possible, souhaitable et mérite d’être vue mais l’avenir s’ouvre incertain et ouvert pour une rénovation sociale-démocrate de notre parti.Il faudra pour cela sortir des approximations, de la gérontocratie et des ni-nis pour penser réellement la construction d’une société plus juste.