Je crois me souvenir d’un endroit. Je crois que c’était à Nantes. Un député, socialiste. Un type un peu dégarni qui avait tendance à plaire à de jolies femmes. Il expliquait que la culture était plus que jamais nécessaire en tant de crise et aussi des intermittents. Je ne sais plus comment il se nommait. Il faut vraiment que je me souvienne.
Mais, dans son discours, il parlait de la crise de la culture. Ca j’en suis sûr.
Il est vrai que, ce jour à Nantes, la crise initiée par des boursicoteurs, profession largement acquise aux différentes droites qui parsèment le monde de leurs combats pour l’inégalité, avait depuis quelques années tendance à rogner la vie culturelle de nos concitoyens. Oh, certes, la culture n’ est pas la seule victime de nos amis spéculateurs: il y a bien des mères seules dans le monde obligées de se prostituer pour nourrir leurs bébés, de familles jetées à la rue, d’appauvrissement des classes populaires et moyennes qui pourraient avoir bien des choses à dire à Wall Street et à leurs alliés du grand casino de l’irresponsabilité.
Allez ok, on va me dire que je diabolise, que j’en fais trop, que je caricature un peu (si peu) et que les banquiers peuvent avoir leur utilité. Que pour entreprendre, pour acheter dans la pierre, de plus en plus chère, il est nécessaire de disposer d’un établissement bancaire bien disposé.
Et surtout je sors de mon sujet de départ: la culture.
Depuis quelques mois un syndicat de patrons, minoritaire (demandez à la plupart des entrepreneurs qui créent les richesses de notre pays pourquoi ils ont une piètre opinion de cette structure), organisation dont on hérite en famille, structure sur une ligne très dure quand on la compare à ses homologues européens, le MEDEF essaye de détruire le régime des travailleurs indépendants du spectacle aussi nommés les intermittents. Le régime est pourtant d’un coût d’une fraction infime de ce que peut coûter un seul mois de fraude fiscale.
L’organisation patronale, présidée par Pierre Gattaz, aussi hériter de son organisation que peut l’être une Le Pen (quelle maladie que ce système népotique français), a donc décidé de prendre le relais des banquiers pour fracasser le tissu culturel français. Certes, ce syndicat patronal compte de brillants esprits mais en général le citoyen commun, quelle que soit son orientation politique, ne peut manquer de s’interroger sur les positions radicales d’une large frange du MEDEF.
Certes le système des intermittents du spectacle n’est pas parfait : quelques chaînes de télévisions, comme TF1, proche de Monsieur Gattaz, abuse parfois du système sur ses techniciens. Au lieu d’être embauchés en CDI, ces salariés sont sous contrat d’intermittence. Cet abus est reconnu et remis en cause par les collectifs d’intermittents et la CGT spectacle, majoritaire dans le secteur. Monsieur Gattaz, entre deux dérapages dont il est devenu coutumier, appelle-t-il ses amis de TF1 pour demander les embauches de ces techniciens et lutter contre ces abus ?
Eh ben non ! Ah non ? Eh ben non !
Intermittents: un accord minoritaire adopté avec des clauses secrètes
Les quelques syndicats de salariés ayant accepté de signer l’accord avec lui sont très minoritaires et composés pour partie de ces fameux techniciens dont la nature du contrat détourne le système. L’un des syndicats se serait vu promettre en échange de sa signature la présidence d’un organisme. Du coup cette même organisation presse vite le gouvernement de valider.
François Rebsamen, qui est à la culture ce que Jacques Toubon pourrait être aux Droits du Citoyen, voudrait signer. Il est vrai que la logique habituelle est contractuelle. Même s’agissant d’un accord qui ne résout rien.
Mais de nombreux coups de canifs ont été portés à la démocratie contractuelle dans cet épisode: beaucoup de participants aux discussions n’ont pas eu le droit de lire en intégralité avant de décider ou non de signer. Un accord qui consiste à, en cas d’absence de cachet, ne laisser aucun moyen de subsistance aux artistes et techniciens et à leurs enfants pendant plus de 30 jours…
La profession, patronat du SYNDEAC comme salariés du syndicat majoritaire de la CGT spectacle, tout en proposant une réforme, est très majoritairement contre cet accord. Comment alors parler de démocratie sociale ?
Des festivals s’annulent ou sont menacés. A Lyon l’ENSATT refuse de participer aux Nuits de Fourvière. A Avignon on ne sait si le festival pourra se tenir. A Toulouse c’est une manifestation importante en musique classique qui a dû être annulée suite à une action des intermittents. A Besançon on fait des cachets de solidarité pendant la pièce Norma Jeane.
Et tout cela se multiplie. Rappelons que chaque euro investi dans la culture se retrouve démultiplié en termes de dynamisme économique. Tenez demandez à Monsieur André d’Avignon dont parle si bien François Morel. Une mission de conciliation a été lancée avec le député Jean-Patrick Gille.
Je me souviens, oui, c’était vraiment à Nantes. Ah, et le député socialiste c’était François Hollande. Il avait raison ce jour là. Il est devenu Président de la République. S’en souviendra-t-il au moment où il faudra parapher ou pas un accord minoritaire et contesté par une large partie de la profession ? François faut pas signer.