Pierre Moscovici est l’un des rares hommes politiques français d’envergure nationale à écrire lui-même les notes de son blog et à y passer un peu de temps. Il est même l’un des rares politiques tout court à savoir réellement tout l’intérêt de ce type de support et à avoir une écriture adaptée. Nous avions d’ailleurs, il y a quelques mois, été trois politiques de gauche seulement à se voir reconnaitre par la lettre pro LE PLI comme ayant une vraie connaissance du web 2.0: Pierre Moscovici, Jean-Jacques Urvoas et moi. Cela avait bien sûr contribué à mon gonflement de chevilles déjà fort élevé.
Ces jours-ci le député du Doubs a publié un coup de gueule concernant les blogueurs. En effet, le très susceptible et orgueilleux Pierre n’est pas content de ses commentateurs et il l’évoque dans une note intitulée Lettre aux bloggeurs:
« quel que soit le sujet traité, qu’il s’agisse du retour de la France dans l’Otan, des manifestations des 29 janvier et 19 mars, de mon voyage au Québec, des élections en Israël, des propos du pape, de la politique économique de Nicolas Sarkozy, de mon action dans le Pays de Montbéliard, de la situation du PS aussi…, le débat dégénère très vite dans une foire d’empoigne, au ton pas toujours très digne, sans argumentations dignes de ce nom, autour d’un thème obsessionnel : Ségolène ou Martine, avec périodiquement le retour de DSK, et sporadiquement l’émergence de telle ou telle personnalité plus jeune, jugée tantôt charismatique, tantôt médiocre. »
Remarque préliminaire: Attention, Pierre, tu t’es planté: un blogueur n’est pas celui qui commente un blog mais celui qui en rédige un.
Pour le reste, Moscovici fait face à un phénomène simple: Etant une personnalité médiatique, rédigeant lui-même les billets, faisant parfois du contenu exclusif et abordant des sujets porteurs, souvent avec talent, son carnet virtuel est devenu un lieu de discussion générale où l’on va pour être vu. L’homme évite d’ailleurs (volontairement ou non) les sujets peu porteurs de commentaires, pas forcément les moins lus d’ailleurs.
A celà s’ajoutent des polémiques et des minidrames, l’homme étant désespérément susceptible et plus qu’un peu perso (ce qui fait que bien que dskiste, je ne l’ai pas suivi dans au dernier congrés), qui ne font qu’ajouter au succés de la chose. . Et de ce fait avec tout ça renforcé par le « vu à la télé » le blog vit.
Comme ce carnet est un lieu de discussion, nombreux sont ceux qui viennent, parfois pour répondre, parfois aussi pour profiter de l’audience et se faire connaitre, sans forcément s’intéresser au contenu de ce qui est dit ou pour participer à des polémiques internes.
Il est facile, sur un blog politique, si on a un peu d’audience de départ et quand on a un peu d’entrainement, de faire du commentaire et du buzz (qui ne correspondent pas forcément à une hausse de lceteurs, les billets les plus commentés n’étant pas toujours les plus lus): Parlez d’interne, polémiquez sur le PS ou faites un contre-pied. C’est l’assurance de longues bastons chez vous, pas toujours controlables, pas toujours constructives. C’est à toi Pierre, si tu as assez des trolls, de marquer ton tempo, de parler d’autres sujets que ceux définis par l’actualité, de sortir parfois un peu des guerres picrocolines. Tu ne peux te plaindre qu’on vienne parler de baston interne lorsqu’à chaque dispute avec un autre socialiste, tu viens te plaindre sur ton blog comme tu le fait réguiliérement. Evolue, tu en as largement le talent.