Les blogueurs sont-ils des piliers de comptoir avec un clavier ? (Lyonnitude(s) )

Nicolas trouve que mon billet sur les blogueurs et le bénévolat de l’autre jour est très bien. Il a raison, il est bien mon article. Gabale a raison aussi. Pour ceux qui n’avaient pas suivi, le billet portait sur la rémunération des blogueurs contribuant à des sites d’info vivant de la publicité.

Seule nuance pour Nicolas: Le mérite. Selon lui, nombre de billets de blogs n’auraient pas la moindre valeur marchande ni le moindre intérêt.

Je pense qu’il se trompe sur cet aspect. Oui, je suis d’accord, outre un style loin de Chateaubriand, nombre de blogs, de blogueurs écrivent des choses cent fois ressassées, mais cela arrive également au monde du journalisme. Oui la quasi-totalité des blogueurs ne sortent jamais une info de première main et le reste, c’est à dire leur commentaire sur l’actu, n’a pas toujours d’intérêt pour la plupart des gens.

D’ailleurs le concept de journalisme citoyen appliqué aux blogs m’a toujours amusé. Il s’agissait au départ de dire que le journalisme avait vécu et que tout allait être remplacé par des carnets virtuels écrits par des personnes sortant l’info à toute vitesse et révolutionnant tout. En fait on s’est retrouvé très vite avec tout un tas de types recopiant Libé ou le Figaro. De ridicules prétentions (Marc a raison, oh combien l’égo est l’essence qui fait tourner le moteur de la blogosphére) d’être une vigie, un observateur acéré, un éclateur de vérités, la porte d’entrée de nouveaux Watergate se sont affirmées. Des orgueils et des prétentions se sont exposées…pour au final, commenter Libé ou le Figaro ou l’Equipe comme cela se fait dans tous les bistrots de France.

Le blogueur est souvent un pilier de comptoir avec le clavier et la prétention en plus, le demi-pression en moins (à moins qu’il blogue d’un bistrot ou aie une machine à pression chez lui).

J’aime pour ma part, et je peux, sortir de temps à autres une info de première main. C’est parfois gratifiant mais il faut gérer les types que l’info peut ennuyer et qui viennent démentir en s’agaçant que la chose soit sortie puis ne disent plus rien une fois la chose confirmée par un vrai de vrai support: un média traditionnel, un journal quoi. Certes cela ne met pas à l’abri, tous comme les supports médiatiques classiques que sont télés et magazines, de se planter une ou deux fois sur plusieurs dizaines de « scoops » mais cela est une contribution à l’information. Mais j’aime voir mon info reprise, sortir avant les autres, se vérifier ect…De là me considérer comme un pro, comme le font certains dés qu’ils analysent une phrase de Laurent Joffrin, il faut pas non plus déconner.

Journaliste est un métier, un vrai.

Je suis d’accord à 200% avec Crouzet (Pas Frédéric le journaliste, avec Thierry le blogueur) lorsqu’il dit:

Pour moi, un journaliste fait émerger de nouvelles informations en remontant à la source. Il nous fourni des données de première mains qu’il a pris garde de vérifier et de recouper, puis il les mets en forme pour les faire résonner.

Le blogueur, moi en premier, est d’abord quelqu’un qui éditoralise, avec plus ou moins de talent. Les médias traditionnels sont d’ailleurs presque en avance sur la blogosphère, ou au moins sur une certaine blogosphère malcomprenante. L’éditoraliste fait une action bien distincte du reporter.

Mais il serait peut-être temps de revenir à nos moutons: Oui les billets publié sur un site participatif gagnant de l’argent grâce à la publicité valent des sous. Ne serais-ce que parce que ces articles génèrent, peu ou prou, un revenu pour le lieu qui les héberge.Il méritent donc une rémunération,même très symbolique. Je ne parle pas de simple visibilité, qui est ce qui est vendu au blogueur ‘tu files gratuitement ton billet, en échange tu auras un peu plus de visibilité) mais d’argent. Après pour tout un tas de gens comme moi, le blog est surtout, je l’ai dit, un espace de loisirs et militant. Je m’en fiche donc un peu.Mais je comprend ceux qui sont agacés de cet utilisation sans contrepartie réelle de leurs contenus et je trouve normal qu’ils puissent au moins bénéficier d’une partie des revenus générés.

Une image terrible vient de me venir à l’esprit: un support vivant bien de la pub, des gens qui donnent leur avis bénévolement en contribuant ainsi à faire du trafic pour le média concerné…on appelle ça les reportages dans les bistrots du journal de Jean-Pierre Pernaut.