Une histoire de livres sacrés et d'un magazine X (Lyonnitude(s) )

Terry Jones, le pasteur qui veut brûler des Corans est un abruti qui a heureusement mis fin à son projet stupide. Comme le souligne Koz dans son excellent billet,cette affaire a délibérément été traitée médiatiquement d’une façon aberrante, sans hiérarchiser l’information. Qui connaissait ce pasteur d’une micro-paroisse avant ? Quel est l’intérêt de monter en sauce une initiative d’un petit groupe d’allumés dans un bled paumé de Floride ? Ceci alors que, unanimement, protestants, catholiques, orthodoxes, gouvernements, politiques condamnaient le geste…

Bien évidemment dans certains pays musulmans, l’occasion fut trop belle pour d’autres groupes extrémistes, islamistes ceux-là, pour de grandes manifestations comprenant des autodafés, des menaces sur les minorités chrétiennes déjà sous tension etc… C’est d’ailleurs exactement ce que souhaitent les Jones et ses pendants de toutes religions: creuser le fossé entre les hommes.

Le gouvernement US a réussi a faire entendre raison au pasteur Jones, à moins que celui-ci n’aie cherché que la publicité et les dollars de donation d’autre cinglé. Tant mieux que ce renoncement, brûler un livre représentant la foi de millions de croyants, tenter de les offenser par ce biais est une pratique stupide et écœurante, quel que soit la religion visée.

Certes en bon chrétien réformé, je n’accorde une valeur qu’à l’écriture elle-même. Pour moi brûler une Bible est un manque de respect, pas un truc sacrilège. Après tout il y en a qui lisent leur bible en annotant, en cornant, en tripatouillant leur livre sacré.  Dieu est tout de même au-dessus d’un peu de papier. Mais le geste de brûler reste offensant, surtout vis à vis de ceux qui considèrent le livre en lui-même comme saint.

C’est d’ailleurs ce qu’auraient pu se dire les autorités US quand elles ont brûlé non pas le Coran mais des Bibles chrétiennes en 2008.

En 2008, le Pentagone a pris la décision de brûler des Bibles appartenant à des soldats américains, tandis qu’ils étaient en mission en Afghanistan. L’aumônier Gordon James Klingenschmitt a expliqué que ces Bibles étaient imprimées dans les langues locales (le dari et le pachto) et devaient être offertes à des «citoyens afghans qui accueillent les soldats dans leurs maisons». Il est vrai que prêter le flanc à une accusation de conversion des populations afghanes au christianisme, donner corps à la propagande des talibans n’était pas malin. De la à détruire des bibles…Lt. Col. Mark Wright aurait même déclaré que brûler «les déchets» en zone de guerre est la procédure normale. Suite à cet incident, aucun tollé notable.En Inde, les autodafés de bibles (et l’assassinat de 32 chrétiens par la même occasion !)  par des extrémistes hindous ayant la haine tant du musulman que du chrétien n’ont pas non plus provoqué de tollé notable.

Et puis il y a eu aussi, cette histoire d’Israéliens sionistes version ultra qui ont brûlé des nouveaux testaments…La encore, l’indignation fut discrète. L’indignation médiatique serait-elle à géométrie variable ?

Que ce soit pour le judaisme, l’islam ou le christianisme, brûler un ouvrage sacré est non seulement offensant et dégradant mais de plus ne sert qu’à renforcer les franges les plus extrémistes, attiser la haine.

Bien plus amusante est cette initiative d’étudiants texans, qui proposent d’échanger une bible contre un livre porno. Même si cela peut en agacer certain, on est ici à mille lieux des moustaches cinglées du pasteur Jones et des barbes des islamistes pakistanais.