italie Archives Romain Blachier

L’extrême-droite n’est pas un sujet amusant en général…Mais cette fois-ci elle fait l’exception.

Tout comme ses alliés en France, la Ligue du Nord Italienne essaie, à l’instar du FN, de Soral et autres mouvements divers dans notre pays, de faire croire qu’il est aussi facile de traverser la Méditerranée pour rentrer illégalement en Europe que de commander un Saint-Marcellin chez la défunte Mère Richard.

Un moyen d’essayer d’obtenir des sièges d’élus et des suffrages. Comme chez nous, une partie de la droite leur enchaine joyeusement le pas. Au mépris de la réalité: pour beaucoup de clandestins, la mort se trouve dans les abysses méditerranéens quand les douaniers ne les attrapent pas.  Mais quand on a comme intervieweurs parfois des gens qui ne sont pas capables de lire un menu de cantine, on peut tout dire. Pourtant un écrivain pourtant bien peu suspect de gauchisme, l’ex Radio Courtoisie Sylvain Tesson évoque ces terribles traversées dans son dernier ouvrage.

Là où l’extrême-droite est amusante, c’est quand cette même Ligue du Nord essaie de prouver par elle-même qu’il est facile de traverser la mer pour immigrer clandestinement.

C’est là que sept militants de la ligue du nord ont tenté eux-mêmes de faire la traversée Tunisie-Italie en bateau pour démontrer qu’il est facile de rentrer en Europe clandestinement.

Gros échec: comme cela arrive souvent, leur embarcation a pris feu. Les contraignant à se jeter à la mer et à naufrager leur navire où ils avaient hissé drapeau de leur parti. Entrainant la photo riche en symboles ci-dessus. Ils ont dû faire appel aux douaniers pour les sauver. Comme ces clandestins dont ils parlent. Pas si simple qu’ils disent, non, de renter en Europe?

Certes l’Italie s’est trouvé un nouveau gouvernement mais entre difficultés à venir reste l’inquiétante présence de la ligue du nord. Ce parti de la droite du nord du pays détient trois régions de l’Italie très riches,le Piemont, la Lombardie et la Vénitie.Il a participé à l’ensemble des gouvernements Berlusconi.

Et si il avait depuis sa création l’envie de créer un Etat indépendant ou au moins très autonome de l’Italie, il désire désormais s’emparer en plus de la partie alpine de la région Rhône-Alpes. Charmant.

Surtout quand on sait que son dernier fait d’armes est une violente campagne contre la ministre de centre-gauche, Cécile Kyenge, première noire à intégrer un gouvernement dans ce pays. Depuis sa nomination dans le tout nouvel exécutif italien (dominé par la gauche mais rassemblant des personnalités de différents bords) , c’est un déluge d’injures qui s’abat sur cette dame et pas seulement sur via forums nazis ou néosfascistes.

Le député européen de la ligue du nord Borghezio, connu en France pour ses liens avec les identitaires, est parti dans diverses déclarations: « elle me parait plus être une bonne domestique qu’une ministre » , « Ce nouveau gouvernement dominé par la gauche veut changer la nationalité et Cécile Kyengé va imposer ses traditions tribales venues du Congo » , « Les africains sont les africains, ils n’ont pas produit de grands génies » et autres joyeusetés.

Du même parti, le leader de la venetie, Luca Zaia a essayé de rendre Cécile Kyenge responsable, de par ses origines, d’un viol commis par deux ghanéens…On hallucine. Vraiment. Cela se passe à deux heures de Lyon, en Europe. L’Italie ne va pas bien.

Espérons que l’accord trouvé ce jour entre le nouveau dirigeant italien et François Hollande pour une Europe de la croissance soit le premier pas d’une guérison.

Bref pas grande nouveauté dans cette élection en Italie quelque part.

Oui ok il y a Bepe Grillo et ses candidats désormais élus dont on ne sait rien ou si peu puisqu’ils n’ont pas vraiment eu le droit de parler à la presse. Tout juste sais-t-on qu’ils n’avaient pas le droit d’avoir un casier judiciaire ni d’avoir une carte dans un parti politique. Seule exception ils avaient le droit d’être membres du mouvement d’extrême-droite formé autour du centre casapound. Pour le reste chacun verra midi à sa porte chez Grillo entre la semaine de vingt heures de travail et la sortie de l’euro. Gageons que nombreux seront les individus et mouvements en Europe à vouloir récupérer cette vague pour leur analyse politique.

Mais Grillo fait partie d’un mouvement qui se manifeste sous différentes formes dans la vie politique italienne chez un électorat parfois tenté par le simple dans un pays complexe politiquement, ces votants qui portent parfois leur voix sur la ligue du nord, Berlusconi, les communistes, les radicaux de chez Pannella…la crise et le consensus qui fut un temps autour de Monti n’ont fait que gonfler le phénomène. Lorsque Berlusconi installe de jolies filles issues des médias sur ses listes, il ne fait pas que récompenser un bunga bunga: il a compris aussi la nécessité de la société du spectaculaire et du simple.

Mais neuf quand même ce rôle à ce point central du blog (Grillo, même si il était connu avant, s’est lancé en politique via ce biais) et de la stratégie numérique en général.

Oui ok il y a le score élevé de Berlusconi. Un Berlusconi bouffé par les scandales et possédant un bilan catastrophique. Mais l’Italie est un pays de droite, où les conservateurs sous toutes leurs formes gagnent la plupart du temps. Surprenant bloc de droite d’ailleurs où cohabitent des fascistes alternatifs de la destra et de frattelli d’Italia (ce qui ne les empêche pas de se réclamer eux aussi du centre-droit!) des régionalistes et des libéraux pur jus. Et moins surprenant la fidélité de leurs électeurs.

Et puis le parti démocrate. Depuis la recomposition du paysage italien, que de chemin! Bersani était, comme de nombreux cadres de son parti, membre du parti communiste Italien, qui fut un géant. La chute du mur mais aussi et surtout l’absence d’une force politique de gauche réformiste ont amené à la création des démocrates de gauche, un mouvement de type socialiste puis à une fusion-transformation avec des centristes qui en a fait un mouvement à la fois du centre et à la fois de gauche, entraînant la création d’un regroupement de petits partis à sa gauche: socialisme et liberté. Quand aux différents mouvements communistes, comme le fut un temps le puissant refondation communiste, il ne sont plus représentés à l’asemblée ni au sénat.

L’unita, le journal fondé par Gramsci, est passé en peu de temps du communisme militant au centre progressiste…parfois avec les mêmes plumes.Ce qui a aussi pour effet de le mettre en concurrence directe avec des titres comme La Reppublica.

Bref la gauche italienne s’est déportée un peu au centre.Cela à mes yeux n’annule en rien la qualité de ses analyses mais contribue peut-être à radicaliser la droite par volonté de cliver.

Et alors qu’il lui était promis tous les succès par cette nouvelle position, le PD a du mal à prendre le pouvoir autrement que dans des coalitions improbables, à cause d’un système électoral invraisemblable. La faute comme le dit le Maire de Florence âgé de 37 ans, issu de ce parti, à une éternelle vieille garde ? Je n’en sais rien.

Alors la faute a une ligne dépourvue de propositions claires au contraire de Grillo et d’une coalition moins unie que la droite ? A voir. Je me réjouis du score qui sonne le retour de la gauche à l’assemblée. Moins de la situation dans laquelle elle se trouve une nouvelle fois pour gouverner. L’Italie est une terre marquée à droite je vous disais.

Mais, j’ai vaguement évoqué le système électoral, c’est un systématique incroyablement complexe qui pourri la politique italienne. Entraînant des clivages invraisemblables et des myriades de formations rendant difficile la compréhension des électeurs. Provoquant par sa paralysie le désenchantement des électeurs.

On le voit encore aujourd’hui . Rien de nouveau en Italie.

Exercice de zen en ce dimanche soir:

Mettez un truc zen genre ambient avec des vagues d’océan.Se poser un coussin moelleux. Fermer les yeux, refréner un inavouable et infantile sentiment de contentement, ne pas penser à la situation des italiens les plus démunis sous Berlusconi , aux magouilles, au contrôle des médias, au racisme d’Etat banalisé et se répéter en boucle « la violence c’est mal, la violence c’est mal, la violence c’est mal, la violence c’est mal »…même si la quand même comment dire…c’est parfois dur de se convaincre des fois.

Jour sombre pour Fatima, jeune maghrébine résidant en Italie, battue et séquestrée par ses parents pour avoir fréquenté un homme et avoir un mode de vie occidental et jour de joie pour ses tortionnaires.

Jour de peine pour Souad Sbai, présidente de l’Association des femmes marocaines en Italie,jour d’allégresse pour le meurtrier et raciste père de Hina Saleem, jeune pakistanaise résidant également dans la péninsule, qui a tué sa fille pour avoir fréquenté un italien (un charpentier chrétien qui plus est!) et qui est actuellement en attente de jugement.

Je ne vais pas redire ce qu’a déjà décrit la presse ( là ou là) mais j’ai été surpris du peu d’écho de l’histoire dans la presse transalpine concernant cette affaire, même si nombre de membres de la classe politique ont réagi.

Pour ceux qui n’ont pas suivi l’histoire et pour faire court, Fatima, jeune femme séquestrée et frappée par ses parents et son frère pour avoir fréquenté un homme sans leur consentement a obtenu gain de cause devant les tribunaux en première instance, sa famille a ensuite fait appel de la décision et la Cour leur a alors donné raison.Le procureur de la république s’est pourvu en cassation.

La Cour a rendu alors un jugement surprenant, estimant que, oui, la jeune fille avait bien été victime de sévices mais que la chose avait été faite pour son bien, compte tenu du contexte culturel et religieux dans lequel elle évoluait et a donc laissé les parents et le frére sans aucune sanction ni aucune réparation pour la victime…

La chose est révoltante, en premier lieu parce quelle autorise les sévices physiques, en second lieu parce qu’elle est, de fait, raciste.

En effet, si les islamistes de tout poil et certains de leurs alliés comme une certaine extrême-gauche anglaise ou Belge et encore d’ailleurs peut revendiquer une victoire du multiculturalisme, il n’en est pas moins que celle-ci dénie l’égalité des droits entre humains.Considérer qu’une femme catholique n’a pas à être battue par sa famille mais qu’une musulmane peut être séquestrée et frappée, qu’elle a moins de droits qu’une autre à se défendre devant les tribunaux, considérer que l’Islam et la culture du Mahgreb est une culture de violence, cela est insultant pour l’intelligence de l’Humanité entiére mais plus encore pour les musulmans d’Italie en particulier. »Au nom du multiculturalisme et du respect des traditions, les juges appliquent deux types de règles, l’une pour les Italiens, l’autre pour les immigrés. Un père catholique qui se serait comporté de la sorte aurait été durement condamné. » a déclaré Souad Sbai.

Par  ailleurs ceux des plus fervents supporters de gauche et de droite d’une universalité jacobinisante qui profitent de l’occasion pour taper sur les partisans du multiculturalisme se trompent.Certes des abus existent et les travaillistes hollandais sont parfois allés trop loin dans la complaisance vis à vis des dérives islamistes et Ayaan Hirsi Ali, membre de ce parti, l’a quitté pour les libéraux, la gauche locale, sous couvert de respect des cultures, étant parfois trés molle à la défendre contre les attaques qu’elle subissait de la part des radicaux musulmans dans un pays où la jurisprudence était trés coulante avec les « crimes d’honneur ».

Oui, des abus existent mais, notamment chez l’extrême-droite et la droite dure transalpine, certains font le procés de ceux qui veulent une société plurielle,qui permette à chacun de vivre dans le respect d’autrui sa culture et sa différence, les acccusant de laxisme et de vouloir promouvoir des sociétés éclatées.

Ce modéle de société est le mien.Mon quartier, mes goûts et mon histoire personnelle comme celui de nombreux habitants de la Terre de plus en plus nombreux est parsemé du métissage.  Etre pour une société multicuturelle n’empêche pas la laicité, n’empêche pas le vivre ensemble, n’empêche pas l’égalité ni la croyance en une fraternité universelle.Oui le PS ne traite pas toujours bien le sujet, pris entre d’une part un unviersalisme parfois trop abstrait et uniforme qui se ne résout pas les défis concrets que rencontrent nombre de nos concitoyens d’origine étrangére et une politique de quotas qui pose des problémes inverses, à savoir d’enfermer chacun dans son sexe et des origines.Mais dans une ville comme la notre, dans un pays comme le notre, le combat de la gauche et de l’ensemble des démocrates et républicains se doit de ne mourrir ni sous le politiquement correct du « Cultures différentes, droits différents » ni sous la rgidité et le déni du fait que nous sommes dans un monde dans une France, dans une Italie, dans une Europe, dans un Monde qui change et se mélange.

PS:Pour soutenir la campagne internationale contre les « crimes d’honneur » cliquez ici ou rendez-vous sur le site.