Moi je fait partie de la première année du bac ES. Economique et social. Auparavant sa version 1.O se nommait bac B, en une lettre sans signification concrète aucune. J’avais choisi celui-ci plutôt qu’un autre parce qu’il y avait de l’économie dedans. Gros souci, ce choix m’obligeait à rester en internat car le seul prof d’éco du lycée français du Cameroun où habitait ma famille ces temps-là , pays était…mon père. Pas facile de cohabiter en salle de classe. Bref j’ai donc choisi en connaissance de cause ma filière de bac. Quoi qu’il me coûte, y compris les durs et tristes lits de Chalon sur Saône, où je ne connaissait personne.Pourtant à l’époque, j’imagine que c’était le cas aujourd’hui, à part des idolâtres de JM Keynes tel que je l’étais à l’époque (je continue toutefois à avoir une affection particulière pour le moustachu de Cambridge) ou de diaphanes et romantiques amoureuses baudelairiennes, tout le monde voulait ou était incité à faire le bac S. Le parchemin frappé de la première lettre de Scientifique était supposé être la platinium ou la centurion des diplômes de fin d’études secondaires. D’abord il gardait ouverte la porte des sciences mais il laissait aussi béante l’entrée des humanités pavées d’albâtre blanc et de lendemains qui chantent. Pourtant qu’il est déséquilibré ce baccalauréat. Beaucoup de chiffres et de physique pour peu de travail de connaissance du monde qui nous entoure.D’ailleurs aucun baccalauréat ne le fait vraiment. A 18 ans, vers la sortie du bac, on est électeur mais l’éducation nationale ne nous a pas appris le fonctionnement de notre démocratie. Ni, bac ES excepté, un minimum de connaissances en matière de ce qui nous entoure au niveau économique. Ce n’est qu’en fac de Droit et en m’intéressant à la politique que j’ai appris le rôle d’une ville, d’un conseil régional ou général, de l’Europe. Aujourd’hui combien de nos concitoyens l’ignorent alors qu’il votent sur ces sujets? Et d’ailleurs, ne serais-ce pas une raison de l’abstention cette incompréhension ? De même, combien succombent à toutes les démagogies, celle du MEDEF national d’une part et des divers Dassault et Jean-Marc Sylvestre, celle du NPA et Lutte Ouvrière de l’autre quand il s’agit de parler d’économie, par méconnaissance ? Je me rappelle de cette doctorante communiste en histoire à qui j’expliquais qu »il était difficile de multiplier d’un coup le SMIC par deux et qui me répondit avec une candeur désarmante que l’économie, elle n’y connaissait rien. De quoi faire se retourner nombre d’économistes marxistes dans leur tombe!En bac S, à part les langues vivantes, l’apprentissage du monde présent et passé qui nous entoure est justement l’histoire-géo, que veut supprimer le Ministre Luc Chatel. C’est faire que l’éducation nationale ne remplisse plus son rôle de former des femmes et des hommes libres de leurs décisions, c’est une vision amenant à une certaine robotisation de nos lycéens scientifiques, au moment où l’on demande, avec Copenhague, que le progrès soit responsable. C’est se préparer de sombres futurs. C’est aussi une preuve que le débat sur l’identité nationale promu par le gouvernement n’est qu’un leurre électoral: comment parler de la France quand on occulte son histoire et sa géographie? Je vous encourage donc vivement à signer la pétition contestant cette décision peu intelligente.
[…]
- Cultures, En France et dans le Monde
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Moi je fait partie de la première année du bac ES. Economique et social. Auparavant sa version 1.O se nommait bac B, en une lettre sans signification concrète aucune.
J’avais choisi celui-ci plutôt qu’un autre parce qu’il y avait de l’économie dedans. Gros souci, ce choix m’obligeait à rester en internat car le seul prof d’éco du lycée français du Cameroun où habitait ma famille ces temps-là , pays était…mon père. Pas facile de cohabiter en salle de classe. Bref j’ai donc choisi en connaissance de cause ma filière de bac. Quoi qu’il me coûte, y compris les durs et tristes lits de Chalon sur Saône, où je ne connaissait personne.
Pourtant à l’époque, j’imagine que c’était le cas aujourd’hui, à part des idolâtres de JM Keynes tel que je l’étais à l’époque (je continue toutefois à avoir une affection particulière pour le moustachu de Cambridge) ou de diaphanes et romantiques amoureuses baudelairiennes, tout le monde voulait ou était incité à faire le bac S.
Le parchemin frappé de la première lettre de Scientifique était supposé être la platinium ou la centurion des diplômes de fin d’études secondaires. D’abord il gardait ouverte la porte des sciences mais il laissait aussi béante l’entrée des humanités pavées d’albâtre blanc et de lendemains qui chantent.
Pourtant qu’il est déséquilibré ce baccalauréat. Beaucoup de chiffres et de physique pour peu de travail de connaissance du monde qui nous entoure.D’ailleurs aucun baccalauréat ne le fait vraiment. A 18 ans, vers la sortie du bac, on est électeur mais l’éducation nationale ne nous a pas appris le fonctionnement de notre démocratie. Ni, bac ES excepté, un minimum de connaissances en matière de ce qui nous entoure au niveau économique.
Ce n’est qu’en fac de Droit et en m’intéressant à la politique que j’ai appris le rôle d’une ville, d’un conseil régional ou général, de l’Europe. Aujourd’hui combien de nos concitoyens l’ignorent alors qu’il votent sur ces sujets? Et d’ailleurs, ne serais-ce pas une raison de l’abstention cette incompréhension ? De même, combien succombent à toutes les démagogies, celle du MEDEF national d’une part et des divers Dassault et Jean-Marc Sylvestre, celle du NPA et Lutte Ouvrière de l’autre quand il s’agit de parler d’économie, par méconnaissance ? Je me rappelle de cette doctorante communiste en histoire à qui j’expliquais qu »il était difficile de multiplier d’un coup le SMIC par deux et qui me répondit avec une candeur désarmante que l’économie, elle n’y connaissait rien. De quoi faire se retourner nombre d’économistes marxistes dans leur tombe!
En bac S, à part les langues vivantes, l’apprentissage du monde présent et passé qui nous entoure est justement l’histoire-géo, que veut supprimer le Ministre Luc Chatel. C’est faire que l’éducation nationale ne remplisse plus son rôle de former des femmes et des hommes libres de leurs décisions, c’est une vision amenant à une certaine robotisation de nos lycéens scientifiques, au moment où l’on demande, avec Copenhague, que le progrès soit responsable. C’est se préparer de sombres futurs. C’est aussi une preuve que le débat sur l’identité nationale promu par le gouvernement n’est qu’un leurre électoral: comment parler de la France quand on occulte son histoire et sa géographie?
Je vous encourage donc vivement à signer la pétition contestant cette décision peu intelligente.