La scène britannique, qui m’intéresse depuis longtemps, est bien plus complexe et contrastée qu’on ne le pense.
Bien sur, il est impossible que ce soir la Grande-Bretagne aie une majorité autre que celle issue des trois partis dominant la scène politique nationale.
Mais la possibilité d’un résultat serré rend les partis mineurs, en pleine progression notamment en Ecosse, plus stratégiques que jamais. Et puis leur existence révèle un panorama britannique plus contrasté et complexe que nous en disent certains articles, nous prétendant qu’il y a peu de débat politique en Angleterre.
Tour d’horizon des forces en présence, des onze partis (eh oui onze!) présents à la chambre des communes et de ceux qui pourraient y entrer.
Les trois grands
-Le Labour party, de centre-gauche et membre de l’internationale socialiste, parti dominant depuis 1997. Celui-ci est puissant dans le nord, le centre et une partie de l’ouest de l’Angleterre, le Pays de Galles et l’Ecosse ainsi que dans les banlieues ouvrières un peu partout.
-Le parti conservateur, fortement marqué à droite et europhobe. Celui-ci est dominant dans le sud et l’est de l’Angleterre et les comtés aisés.
– Le parti libéral-démocrate, de tradition plutôt sociale-démocrate et européenne (il fut le parti de Keynes). Celui-ci a pour bastion la pointe sud-ouest de l’Angleterre, l’est du Pays de Galles et le nord de l’Ecosse. Il fut le parti de gouvernement qui alternait avec les conservateurs jusqu’au moment où il fut supplanté au début du XXe siècle, par le Labour.
Il y a ensuite les partis régionaux:
-Le Plaid Cymru au Pays de Galles parti régionaliste, de gauche et écologiste, comparable par exemple à notre union démocratique bretonne, y dispose de 3 sièges.
-Le Scottish National Party, de sensibilité socialiste et partisan d’une Ecosse indépendante du Royaume-Uni et européenne, dispose de 5 sièges.
Toujours dans les partis régionaux, côté Ulster (Irlande du Nord), où les trois partis nationaux ne se présentent pas, il y a :
-Le Démocrat Unionist Party, qui représente les couches les plus conservatrices de la communauté protestante et les plus attachées au maintien de ce bout de territoire dans le Royaume-Uni. Violemment anti-européen, ce parti dispose de neuf sièges
-Les ennemis jurés des précédents, le Sinn Fein, proche des terroristes de l’IRA. Marxisants et nationalistes, partisans du rattachement de l’Ulster à la république d’Irlande, ils sont populaires chez les plus énervés de la communauté catholique. Depuis le renoncement de leur branche armée à la violence, il sont toutefois devenus plus constructifs.
-Le SDLP, membre de l’internationale socialiste, sociaux-démocrates et nationalistes, sont une version progressive et progressiste des précédents, au départ créés pour offrir une alternative non-violente au nationalisme irlandais. Il disposent de 3 sièges
-L’Ulster Unionist Party: Celui qui fut le principal party unioniste (attaché au maintien dans le Royaume-Uni) pendant longtemps, proche des conservateurs, n’a plus qu’un siége au parlement. Nombre de ses électeurs se sont tournés vers les Democrats Unionists.
Au-delà des grands partis et organisations régionales, il existe deux autres organisations au parlement.
–RESPECT, formation d’extrême-gauche qui entretien des liens avec le NPA, cette plate-forme comprenait diverses structures dont la plus importante organisation troskyste du Royaume, le Socialist Worker Party. Controversée pour ses liens avec des islamistes, la coalition est divisée en deux, le SWP présentant des listes de son côté. Le parti ne comprend qu’un député, Georges Galloway ex-député du labour et élu dans le « Londonistan » de Londres
–Blaenau Gwent People’s Voice Group, qui ne comprend qu’un seul député, est un minuscule parti local du pays de Galles, de sensibilité de gauche, qui s’est fondé suite à une dissidence du labour pour raison de parachutage. Depuis 2 mandats le parti tient la circonscription.
Des entrants possibles
Enfin d’autres groupes comme le sinistre British National Party, europhobe et partisan d’une Grande-Bretagne blanche (la loi sur les discriminations n’est pas la même au Royaume-Uni qu’en France pourraient grappiller un ou deux sièges). Côté Ulster, le Traditional Unionist Voice, version très dure de l’unionisme, pourrait bien s’emparer d’une place par exemple à Londonderry. Il existe bien sur d’autres formations de moindre importance qui concourent comme par exemple le Scottish Socialist Party, marxiste et indépendantiste mais leurs possibilité de rafler un siège semblent plus aléatoires.